Entretien avec Eric Lenoir, président du comité exécutif d’Euler Hermes France, leader de l’assurance crédit.
Quelles sont les perspectives économiques pour 2020 et 2021 ?
2020 et 2021 seront deux années difficiles pour l’économie internationale. Afin d’endiguer la propagation du virus Covid-19 à l’échelle mondiale, des mesures sanitaires fortes ont été appliquées. Celles-ci étaient, et restent, nécessaires, mais elles ont soudainement perturbé la production et freiné la demande : depuis avril 2020, l’économie mondiale ne fonctionne qu’à 70-80 % de sa capacité et cette situation devrait persister jusqu’au T4 2020 au moins. Ainsi, nous estimons que la croissance mondiale reculera cette année de - 4,7 %. Un rebond de + 4,8 % est attendu en 2021, mais il ne sera pas suffisant pour permettre à l’économie mondiale de retrouver son niveau de 2019. Côté français, la donne est similaire, avec une forte récession attendue cette année (– 10,8 %) et un rebond insuffisant l’année prochaine (+ 7,4 %).
Qu’est-ce que cela implique pour les entreprises ?
Cette situation induit une forte résurgence du risque d’impayés. De nombreuses entreprises étaient financièrement fragiles avant la crise, et l’épidémie Covid-19 n’a pas arrangé leur situation de trésorerie. Chez Euler Hermes, nous estimons qu’entre 2019 et 2021, les défaillances d’entreprises croîtront de + 35 % à l’échelle mondiale, et de + 25 % en France. Concrètement, cela signifie que fin 2021, plus de 64 000 entreprises pourraient être en situation de défaut de paiement en France. Cela pose un souci majeur pour les fournisseurs : que devient leur créance si leur client met la clé sous la porte ? Dans le contexte actuel, nombreuses sont les entreprises qui ne peuvent pas se permettre de subir un incident de paiement, au risque de faire elles-mêmes faillite.