Les aides aux entreprises font souvent l’objet de controverses dans le cadre des débats politiques. Dans une étude que vous venez de consacrer à ces aides, vous montrez d’abord que leur définition est loin d’être précise. Comment l’expliquez-vous ?
Olivier Redoulès, directeur des études de Rexecode : Les données chiffrées concernant les aides aux entreprises sont hétérogènes car elles varient d’une institution ou d’un organisme de recherche à l’autre. Nous avons voulu comprendre l’origine de ces différences en nous penchant sur les dernières études publiées dans ce domaine par France Stratégie et le Clersé, une unité de recherche de l’université de Lille et du CNRS. Le calcul des aides selon ces deux organismes aboutit ainsi à une différence de 15 milliards sur l’année 2019. Cet écart tient à différentes raisons : les sources ne sont pas forcément les mêmes, pas plus que le périmètre d’aides observé, ni les méthodes pour évaluer les dépenses budgétaires. Il est vrai que les données publiques ne sont elles-mêmes pas toujours transparentes : il n’existe pas d’inventaire clair des dépenses budgétaires qui bénéficient aux entreprises. Paradoxalement, un crédit d’impôt est considéré comme une aide aux entrprises, alors qu’une baisse de taux d’imposition avec le même effet ne l’est pas… De même, la notion d’aide aux entreprises pour arriver aux montants qui circulent autour de 200 milliards d’euros est entendue au sens large car elle inclut des dépenses qui relèvent de la sphère publique comme le financement de l’audiovisuel public, ou celui des infrastructures de la SNCF.