Après avoir dû quitter la présidence de Vivendi en 2002, Jean-Marie Messier avait choisi la banque d’affaires pour faire son come-back professionnel. Un retour gagnant puisque vingt ans après sa création, Messier & Associés figure dans bon nombre de transactions emblématiques. A l’occasion de l’anniversaire de sa boutique, Jean-Marie Messier revient sur les grandes étapes de son développement, ainsi que sur les défis que représentent pour son métier la montée en puissance des nouvelles technologies et des thématiques ESG.
Votre boutique, Messier & Associés, vient de fêter ses 20 ans. Depuis sa création, en 2003, plusieurs crises majeures sont venues bouleverser l’environnement économique. Comment avez-vous vécu cette période ?
L’avantage de l’expérience, c’est de savoir que les crises font partie des cycles de la vie. Quand j’ai créé Messier & Associés, l’évolution des taux d’intérêt et de l’inflation étaient loin d’être des préoccupations majeures. Aucune des crises qui sont survenues ensuite (financière, sanitaire…) n’avait été anticipée. L’une de nos grandes satisfactions est de les avoir traversées en continuant à nous développer, quitte à consentir, à certains moments, des sacrifices en termes de résultat financier. Quelles qu’aient été les difficultés à certaines périodes, nous ne nous sommes jamais séparés d’un collaborateur, contrairement aux grandes banques d’affaires internationales. Ces 20 ans, c’est avant tout la fierté d’être entouré d’équipes formidables.
Le positionnement de notre boutique nous y a aussi aidés. Mon objectif a en effet toujours été d’établir une relation de long terme avec les dirigeants des entreprises que nous conseillons, de pouvoir discuter avec eux de leur stratégie, de leur vision, en nouant un véritable dialogue de « sparring partner ». Cela nous conduit, d’une certaine façon, à choisir les clients avec lesquels nous pouvons construire une relation fondée sur la loyauté, la durée et le travail régulier – crise ou pas – ensemble.
Avant de diriger Vivendi Universal (VU), vous aviez été un associé-gérant très en vue de la banque Lazard. Comment, suite à votre départ du groupe, s’est imposée l’idée de redevenir banquier d’affaires ?