Vous publiez la deuxième édition de votre étude sur les primes de contrôle, six ans après la précédente, publiée en 2011. Quel est son principal enseignement ?
Françoise Gintrac et Carine Briclot : Le premier constat est que la prime de contrôle payée par une société pour acquérir le contrôle d’une autre entreprise s’est stabilisée en Europe de l’Ouest entre 2011 et 2017. Elle s’élève toujours à environ 27,4 % du prix d’acquisition. Aux Etats-Unis, qui ne figuraient pas dans notre étude de 2011, elle atteint environ 36,4 %. Cette différence s’explique par le fait que, aux Etats-Unis, quasiment toutes les transactions portent sur des participations souvent supérieures à 90 % du capital de la cible. En Europe de l’Ouest, la situation est plus hétérogène, avec environ 38 % des transactions qui portent sur 90 % à 100 % du capital de la société à acquérir. Cependant, lorsque l’on compare les primes sur des tailles de participations comparables, l’Europe de l’Ouest affiche une prime moyenne de 39 %, contre 36,2 % aux Etats-Unis.
Tous marchés confondus, quels sont les éléments qui justifient le montant de la prime concédée par l’acquéreur ?
F.G. et C.B. : Outre la taille de la participation à acquérir, le montant de la prime est lié principalement à la prévision des synergies que l’acquéreur espère mettre en place à la suite de la fusion. Or quelle que soit l’évolution de l’activité de fusions-acquisitions ou des valorisations boursières, une opération de croissance externe donne toujours lieu à des synergies. Pour nous, c’est un signe de rationalité des marchés financiers : les investisseurs sont prêts à valider un prix d’achat plus élevé parce que la perspective de création de valeur est plus importante. Cette attention portée aux synergies explique...