Entretien avec Guillaume Rejou, directeur marketing produit, BU Finance chez Cegid. Si les technologies de RPA sont déjà porteuses de valeur pour les directions financières, elles prennent une tout autre dimension dès lors qu’elles embarquent également de l’IA.
Quelle est la maturité des directions financières quant à l’usage des technologies de RPA ?
Les technologies de robotic process automation (RPA) suscitent beaucoup d’intentions mais encore peu d’actions dans les entreprises en général et dans les directions financières plus particulièrement. En effet, de nombreux freins subsistent autour de cette technologie.
Ces freins sont en premier lieu psychologiques. Pour beaucoup, l’automatisation des processus conduit à la suppression des étapes de validation humaine et donc, à un sentiment de déresponsabilisation parfois mal perçus par les collaborateurs.
D’autre part, certaines entreprises ont la perception que les RPA génèrent un faible retour sur investissement. Une perception généralement due au fait qu’elle n’arrive pas à en mesurer l’impact direct, en particulier en termes de baisse des coûts.
Enfin, pour automatiser des process, il faut préalablement les cartographier. Or, dans une entreprise et en particulier dans les services financiers, les process évoluent chaque jour, certains apparaissent, d’autres disparaissent, ce qui rend le travail de cartographie long et mouvant.
Pourtant, le RPA génère des bénéfices certains ?
En effet, en dépit de ces freins, les bénéfices du RPA, en particulier au sein des directions financières, sont certains.
Les entreprises qui ont mis en place cette technologie et automatisé ainsi certains de leurs processus constatent des gains de productivité importants, qui se mesurent en termes d’heures voire de jours de travail gagnés. Les technologies de RPA permettent par exemple d’éviter les interventions et validations humaines parfois inutiles. C’est ainsi le cas dans un processus de notes de frais où l’automatisation des workflows de validation grâce à une technologie de RPA est beaucoup plus intéressante, en termes de productivité, que les processus de validation traditionnels.
D’autre part, plus un process est long, plus il est coûteux. Or, son automatisation grâce au RPA contribue à en accélérer et à en optimiser la gestion. Les entreprises gagnent ainsi en efficacité, réduisent leurs coûts de gestion et renforcent leur compétitivité. Elles peuvent par exemple réaliser des devis plus rapidement et répondre plus vite à un appel d’offres.
Les technologies de RPA contribuent également au respect des règles mises en place. Par exemple, elles permettent aux directions financières de réaliser des situations intermédiaires plus rapidement et ainsi, de réduire les délais de clôtures et d’identifier et anticiper plus rapidement d’éventuels risques financiers.
Quels sont les apports de l’intelligence artificielle dans le RPA ?
L’intelligence artificielle augmente très significativement la puissance du process automatisé grâce au RPA.
Avec l’IA, le process va être métamorphe et s’adapter à la situation du moment. Il pourra ainsi être mené à son terme. Cette association de technologies va permettre traiter des cas d’usages beaucoup plus complexes et ce, très rapidement. Par exemple, dans un processus de validation des notes de frais, un RPA qui embarque de l’IA permettra d’anticiper l’absence d’un valideur et d’aller chercher le manager qui le remplace.
L’IA peut également générer des nouveaux process, tout en laissant à l’humain la responsabilité de la validation. Pour une note de frais exceptionnelle qui n’entre pas dans le cadre de la politique de l’entreprise en matière de dépenses professionnelles, cette technologie peut ainsi générer un process de demande de remboursement spécifique auprès de la direction financière, qui s’intègre dans le worfklow de validation traditionnelle. L’IA peut aussi restructurer des datas déstructurées provenant de sources hétérogènes pour la rendre cohérente. Par exemple, dans une entreprise internationale, elle peut restructurer automatiquement des fichiers Excel réalisés par différentes filiales à l’étranger ayant des devises de tenue de compte différentes pour les rendre cohérents et permettre la consolidation des comptes. L’IA permet également l’interaction de processus, même s’ils ont été mis en place dans des systèmes d’information, des ERP ou toutes autres applications différentes…
L’IA ramenée au RPA prend ainsi une dimension et une puissance permettant d’aller beaucoup plus loin que la simple automatisation des processus. D’ailleurs nous parlons de plus en plus de RPIA.