Face au ralentissement de la croissance, à la hausse des taux et au retour en force de l’inflation, l’inquiétude monte concernant la santé financière des entreprises. Partagez-vous ce sentiment ?
Frédéric Visnovsky, Médiateur du crédit : Pour l’instant, les chiffres ne témoignent pas d’une dégradation de la situation des entreprises. Elles sont globalement sorties en bonne santé de la crise sanitaire, comme en témoignent les indicateurs financiers en 2021. Certes, elles ont été soutenues à hauteur de 235 milliards d’euros par les pouvoirs publics à travers différents dispositifs (fonds de solidarité, temps partiel, prêts garantis par l’Etat…). Mais elles ont aussi bénéficié d’une très forte reprise de leur activité. La Banque de France est en train de finaliser sa campagne de cotation annuelle sur la base des bilans 2021, et on observe à ce titre que les rehaussements de cotation sont supérieurs aux dégradations, alors que d’habitude ces mouvements sont équivalents.
L’année 2022 s’annonce plus compliquée puisque des secteurs ont commencé à souffrir sous l’effet des répercussions de la guerre en Ukraine, ou pour des raisons structurelles, comme par exemple des difficultés de recrutement. Cependant, sur la médiation classique (c’est-à-dire hors renégociation de PGE), nous n’avons reçu en septembre qu’une cinquantaine de dossiers, soit deux fois moins qu’avant la crise. Cela tient probablement pour bonne part au fait que l’économie reste bien financée : en août dernier, l’encours aux sociétés non financières a continué de progresser à +·7, 2 %, soit légèrement plus qu’en juillet, qu’il s’agisse des crédits à l’investissement comme de trésorerie.
La hausse des défaillances...