Pendant que Vivendi mettait fin à la bataille opposant Bouygues et Numericable en vendant sa filiale SFR au câblo-opérateur, Lafarge a surpris les marchés en annonçant une fusion avec son concurrent suisse Holcim. Si ces deux opérations d’envergure affichent des caractéristiques très différentes, en termes d’ingénierie financière notamment, elles présentent toutefois le point commun d’être assorties d’un risque d’exécution non négligeable lié au droit de la concurrence.
Alors que les volumes de fusions-acquisitions avaient déjà progressé de 30 % au premier trimestre – pour un montant de près de 40 milliards d’euros –, le deuxième trimestre s’annonce sous les meilleurs auspices pour les banquiers d’affaires : en quelques jours, Kingfisher a annoncé l’acquisition de Mr Bricolage et Steria sa fusion avec Sopra. Surtout, le marché français a renoué avec les grandes transactions. Prévue depuis l’année dernière, la vente de l’opérateur téléphonique SFR par Vivendi a été actée il y a dix jours, au profit de Numericable. Une opération qui va permettre au groupe de médias d’encaisser immédiatement 13,5 milliards d’euros, auxquels s’ajoutera notamment une participation dans le nouvel ensemble. Plus inattendu, Lafarge et son concurrent suisse Holcim ont notifié, lundi 7 avril, leur intention de fusionner. Une union qui aboutirait à la création du leader mondial du ciment, avec 32 milliards d’euros de chiffre d’affaires.
Si ces deux dernières opérations doivent encore être approuvées par les autorités de la concurrence, elles devraient néanmoins avoir un effet d’entraînement. «Le fait d’imaginer un rapprochement entre Lafarge et Holcim était impensable il y a encore quelques mois seulement, témoigne un banquier. Cette annonce a clairement fait tomber les tabous, notamment au niveau des contraintes réglementaires.» Un élément suffisant, d’après ce spécialiste des fusions-acquisitions, pour favoriser la réalisation d’autres mégadeals.
A en croire Jean-René...