Le projet d’euro numérique étudié par la Banque centrale européenne depuis l’été 2021 doit permettre de fournir à la zone euro un équivalent digital des billets et des pièces. Mais les banques commerciales craignent que ce nouvel outil monétaire déstabilise le système financier, et ne voient pas l’utilité pour leurs clients d’une nouvelle forme de monnaie.
La phase d’étude de l’euro numérique par la Banque centrale européenne (BCE) devrait arriver à son terme à l’automne 2023. Alors que les contours de la monnaie numérique de banque centrale européenne (MNBC) se dessinent, les voix discordantes, elles, se font entendre. Du moins, c’est le cas lorsque l’on parle d’euro numérique de détail (retail), qu’il ne faut pas confondre avec l’euro numérique de gros (wholesale), dont l’utilité fait au contraire l’unanimité.
Si l’euro numérique de détail anime les débats, c’est en partie parce qu’il met en lumière la distinction entre l’euro de banque centrale et l’euro des banques commerciales. « En fait, cette nouvelle forme de la monnaie rappelle la différence entre les pièces, les billets et l’argent disponible sur un compte de dépôt, explique Lionel Potier, économiste au sein du groupe Crédit Agricole. Détenir une pièce ou un billet confère la certitude que son argent sera accepté pour sa valeur faciale par n’importe quel commerçant. En revanche, pour l’euro de banque commerciale détenu sur un compte de dépôt et accessible depuis une carte bancaire, c’est plus subtil. En cas de faillite de la banque, cet euro-là peut perdre sa valeur. La plupart du temps, en Europe, nous ne faisons pas la différence car les banques sont solides et très bien supervisées. »
Or, c’est justement pour conserver cette différence à l’heure du numérique que la Banque centrale imagine une alternative à la monnaie fiduciaire : « Nous sommes dans une époque où tout...