Alors que les prévisionnistes s’attendaient, en mars, à une pause imminente de la BCE dans la baisse des taux d’intérêt, le nouveau contexte international créé par Donald Trump devrait conduire la banque centrale à poursuivre le mouvement. Face au choc de croissance subi par l’économie européenne, la BCE n’exclut pas des décisions fortes à l’avenir. Le principal taux serait progressivement ramené de 2,25 % à 1,5 % à la fin de l’année, voire moins.
Réunion après réunion, la Banque centrale européenne (BCE) a continûment baissé ses taux directeurs depuis juin 2024 (à l’exception d’une pause en juillet) à mesure que l’inflation reculait en zone euro. Une baisse prudente, limitée à 0,25 point (25 points de base) à six reprises, qui a conduit le taux principal (facilité de dépôt) de 4 % au premier semestre 2024 à 2,50 % début mars 2025. Mi-mars, cependant, les « faucons » au sein de la BCE suggéraient que la banque centrale marque une nouvelle pause, les perspectives économiques apparaissant plutôt favorables. Mais c’était avant les annonces de Donald Trump… Le véritable chaos dans l’économie mondiale créé par le président américain a enlevé tout argument à ces faucons, et le conseil des gouverneurs de la BCE a décidé, le 17 avril, de baisser à nouveau ses taux, ramenant la rémunération de la facilité de dépôt à 2,25 %. « Cette décision a été prise à l’unanimité », a souligné la présidente de la BCE, Christine Lagarde, lors de la conférence de presse suivant la réunion des gouverneurs.
Il est vrai que toutes les « datas », pour reprendre l’expression de Christine Lagarde qui réaffirme régulièrement que la BCE est « data dependant », vont dans le même sens, celui d’un recul de l’inflation. En mars, le taux d’inflation de la zone euro est revenu à 2,2 %, son plus bas niveau depuis juillet 2021, très proche de la cible de la BCE (2 %). Et aucun facteur extérieur ne risque a priori de le faire remonter : le prix du pétrole (Brent), qui approchait les 80 dollars le baril au début de l’année, est revenu à 65 dollars, tandis que l’euro s’est apprécié face au dollar de près de 10 % depuis janvier.