Si les prix de marché de l’électricité sont actuellement modérés, cette situation favorable pourrait n’être que temporaire. Or la réforme du marché, réclamée par de nombreux responsables politiques après la crise de 2022, pour assurer une modération des prix, n’a pas eu lieu. Et le dispositif actuel d’accès à un tarif réduit à l’énergie nucléaire va prendre fin le 31 décembre, contribuant à la hausse des coûts pour les entreprises en 2026. Une situation liée pour partie à l'attitude rigide d'EDF, ce qui a contribué au départ anticipé de son PDG Luc Rémont.
Rétablir la compétitivité des entreprises, notamment industrielles : le gouvernement français et la Commission européenne ont fait leur cet objectif, face à la montée en puissance de la concurrence internationale, et l’attrait de l’investissement aux Etats-Unis. L’industrie est désormais l’objet de toutes les attentions, des plans de soutien sectoriels étant désormais mis en place, au niveau européen, comme c’est le cas pour l’acier. De nombreux leviers peuvent être actionnés pour renforcer la compétitivité, qui dépend notamment des coûts salariaux, déterminant pour une bonne part le prix de vente, tout comme de considérations hors prix, comme l’image de marque. Mais depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, l’explosion du coût de l’énergie est apparue comme l’un des facteurs majeurs de perte de compétitivité européenne.
Face à la hausse exponentielle du prix de l’électricité sur les marchés de gros, avec un pic à plus de 1 000 euros le mégawatt/heure fin août 2022, contre une cinquantaine d’euros avant la crise sanitaire, nombreux sont les responsables politiques à avoir mis alors en cause le fonctionnement du marché de l’électricité et son mode de fixation des prix. Ceux-ci dépendent en effet du coût marginal, c’est-à-dire du coût de la dernière centrale électrique mise en route pour répondre à la demande, qui, en règle générale, fonctionne au gaz. Or les cours gaziers, qui tournaient sur le marché de gros européen autour de 20 euros le mégawatt/heure en 2020, ont été multipliés par 8,5 au plus fort de la crise de l’énergie, en août 2022, à 170 euros.