Le gouvernement veut promouvoir l’« industrie verte », à la fois en soutenant la décarbonation des usines existantes et en favorisant les nouvelles technologies vertes, telles que la fabrication de batteries, de panneaux photovoltaïques, d’éoliennes… L’accent est mis sur ces nouvelles technologies qui, seules, bénéficieront d’un nouveau crédit d’impôt. De quoi s’interroger sur l’ampleur réelle du plan gouvernemental, censé contribuer à relancer l’ensemble de l’industrie, mais sans doute insuffisant pour y parvenir.
«Faire de la France le leader de l’industrie verte en Europe » et « contribuer à réindustrialiser la France ». Tels sont, selon le ministre de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire, les deux objectifs du plan « industrie verte » présenté le 16 mai par l’hôte de Bercy, accompagné du ministre délégué chargé de l’Industrie, Roland Lescure. Ces annonces ministérielles s’accompagnent, comme souvent, de beaucoup de volontarisme politique. La France se veut à la pointe de ce secteur, en Europe. Il est vrai que chaque pays membre de l’Union européenne est laissé libre de sa réponse à l’offensive américaine dans le domaine des technologies vertes, la Commission européenne semblant en effet renoncer à proposer son propre plan dans ce domaine, qui représenterait une réponse européenne à l’Inflation Reduction Act (IRA) américain, en vigueur depuis dix mois : elle donne simplement à chaque pays la possibilité de subventionner la décarbonation de l’industrie, par dérogation aux traités européens interdisant en temps normal ce type de subventions aux entreprises. Dans ce cadre, « la France est l’un des premiers pays à présenter son plan », relève un expert industriel. Mais celui-ci est-il à la hauteur ?
Un nouveau produit d’épargne réservé aux jeunes
- Différentes mesures vont être prises pour faciliter le financement de la décarbonation de l’industrie. Outre le crédit d’impôt destiné aux technologies vertes, la plus marquante est la création d’un nouveau plan d’épargne réservé aux moins de 18 ans.
- Plan d’épargne « avenir climat » : destiné à financier la décarbonation de l’industrie, un plan d’épargne réservé aux jeunes pourra être ouvert par leurs parents dès la naissance de l’enfant. Il ressemblera au livret A, avec un plafond équivalent (22 950 euros aujourd’hui), un régime fiscal très attractif identique à celui du produit d’épargne liquide préféré des Français, et une rémunération supérieure à celui-ci. Mais, en contrepartie, les sommes placées seront bloquées jusqu’aux 18 ans du jeune épargnant. Banquiers et assureurs pourront distribuer ce livret, les financements fondés sur les placements des jeunes étant gérés par la Caisse des dépôts et consignations. Bercy n’a pas chiffré ses ambitions concernant ce fonds.
- De nouveaux labels d’Etat pour les fonds : l’Etat va proposer de nouveaux labels pour les fonds investissant dans la décarbonation des entreprises, les contrats d’assurance-vie devant proposer au moins une unité de compte correspondant à ces labels.
- Des plans d’épargne retraite investis en non-coté : certaines grilles de gestion pilotée par horizon devront prévoir une part minimale de titres non cotés, investis dans l’industrie.
Une reconquête de la souveraineté industrielle
« L’ambition affichée est bienvenue, mais il est difficile de la traduire d’un point de vue macroéconomique, puisque le gouvernement reste flou sur les objectifs de son plan, en termes de poids de l’industrie dans le PIB, de montants à investir, et donc d’employés à recruter et à former...