La France est le seul grand pays européen affichant un déficit public en hausse pour l’année 2023, à 5,5 % du PIB. Bercy continue pourtant de promettre le retour sous les 3 % de déficit en 2027 ainsi qu’une stabilisation de la dette, sur la base de prévisions qui ont toutes les chances d’être récusées par Bruxelles. Les investisseurs s’attendent, en conséquence, à ce que les agences de notation revoient à la baisse leur appréciation de la France.
Une fois de plus, la France se singularise en Europe, avec la… Belgique. Alors que tous les grands pays européens ont réduit leur déficit public en 2023 (voir tableau), les calculs de l’Insee notifiés à la Commission européenne font état, au contraire, d’une hausse de 4,8 % du PIB en 2022 à 5,5 % en 2023 pour l’Hexagone, et donc la Belgique (voir tableau). Une augmentation jamais vue en France en période de croissance, que Bercy n’avait pas su anticiper ou en tout cas n’avait pas voulu afficher.
Le ministère français des Finances a-t-il été ébloui par le niveau exceptionnel des recettes fiscales encaissées en 2022, sur lequel il a fondé ses prévisions pour 2023 ? Des recettes dopées par une reprise économique d’une vigueur inattendue en 2021-2022 : les rentrées fiscales liées à l’impôt sur les bénéfices des sociétés ont ainsi augmenté de 34,1 % en 2022.
Même s’il affirmait, à l’automne 2022, sa volonté de se montrer prudent pour l’année suivante, un « miracle » n’ayant pas lieu tous les ans, le gouvernement ne l’a pas été suffisamment. Pire : comme le souligne la Cour des comptes, dans son rapport sur la gestion du Budget 2023 par Bercy, le gouvernement a encore rehaussé ses prévisions de recettes à l’automne 2023, contre toute attente… alors que les rentrées fiscales se sont avérées être, finalement, inférieures de 7,7 milliards d’euros par rapport à cette dernière prévision établie en septembre.
Des prévisions sincères ?
A demi-mot, la Cour des comptes s’interroge sur ce qu’elle n’est pas loin de...