Plus encore que le changement climatique, la perte de biodiversité présente des risques économiques dont les investisseurs commencent à prendre conscience. Cependant, en l’absence de standards de mesure uniformes, l’offre de fonds ne s’enrichit que lentement. Les gérants avancent en ordre dispersé sur la thématique.
C’est un risque bien plus critique que le réchauffement climatique. Un risque systémique « qui menace le monde tel que nous le connaissons aujourd’hui », veut alerter Guillaume Lasserre, directeur adjoint de la gestion de LBPAM. La perte de biodiversité, puisque c’est de cela qu’il s’agit, commence à s’immiscer dans les consciences des investisseurs. Particulièrement depuis la COP15 de décembre dernier, au cours de laquelle, à Montréal, 150 institutions financières représentant 24 000 milliards de dollars d’actifs sous gestion ont lancé un appel aux gouvernements afin d’adopter un cadre ambitieux pour la sauvegarde de la biodiversité.
La préservation du vivant constitue en effet un enjeu crucial ressenti comme tel par de nombreux citoyens. Mais le risque économique en cas d’inaction dans ce domaine devient aussi de plus en plus précis. Aujourd’hui, le World Economic Forum pointe, parmi les dix principaux risques mondiaux, la perte de biodiversité juste derrière les risques climatiques et loin devant les risques d’épidémie, géopolitiques ou liés à la dette : 55 % du PIB mondial reposeraient sur les services rendus par la nature alors que plus d’un million d’espèces sont menacées d’extinction. S’ils étaient un pays, les océans seraient la 7e nation mondiale en termes de PIB, selon l’OCDE. De par les échanges de biens et services qu’il permet, le patrimoine océanique est estimé à 24 000 milliards de dollars. Si les insectes disparaissaient, alors que par la pollinisation ils concourent à 5 à 8 % de la production agricole mondiale, le phénomène entraînerait une perte financière équivalente à 200 milliards de dollars par an…