L’appel du gouvernement à soutenir la base industrielle et technologique de défense française a bien été entendu par les investisseurs institutionnels. Si certains avaient pris une longueur d’avance, pour beaucoup, il s’agit de trouver les bons véhicules pour s’exposer. Et d’affiner l’analyse, notamment extra-financière, de ce secteur complexe.
Points-clés
- Les investisseurs institutionnels assurent qu’il n’existe pas d’incompatibilité de principe entre ESG et défense, mais le diable est dans les détails en matière d’exclusions.
- Certains souhaiteraient la création d’un fonds de place ou d’un dispositif similaire à l’« initiative Tibi », qui bénéficierait de l’expertise de la direction générale des armées.
Il faut trouver 5 milliards d’euros pour renforcer les fonds propres de la base industrielle et technologique de défense (BITD) française et lui permettre de répondre présent à l’impératif du réarmement du pays, alors que le parapluie militaire américain est plus que jamais fragilisé. Ce message véhiculé par les ministres Eric Lombard, pour l’économie, et Sébastien Lecornu, pour les armées, a été reçu cinq sur cinq par les investisseurs institutionnels. Ils étaient venus en nombre à la conférence organisée par les autorités le 20 mars dernier pour sonner le rassemblement.
« L’évolution de la situation géopolitique à l’œuvre est bien plus rapide que celle de la transformation industrielle pour assurer notre souveraineté, souligne Michel Andignac, directeur général de la Carac. Il est indispensable de renforcer nos investissements pour permettre aux acteurs de la BITD d’accélérer. »
Les premiers engagements pris
Ces dernières semaines, quelques institutionnels majeurs ont avancé les premiers chiffres témoignant de leur soutien à l’industrie de la défense. A commencer par les acteurs publics tels que la Caisse des dépôts, qui a indiqué être exposée à hauteur de 40 milliards d’euros. Si un quart du montant vient des crédits exports octroyés par la Sfil et des prêts souscrits par La Banque Postale, l’appui se fait aussi sous forme de fonds propres. La Caisse co-investit en effet aux côtés de Bpifrance dans les rares fonds privés dédiés au secteur – Eiréné de Weinberg Capital et Aéro 2 de Tikehau Capital – ainsi que dans celui sponsorisé par le ministère des Armées, le Fonds innovation défense (FID), dont la taille cible a été rehaussée de 220 à 300 millions d’euros.