Si les spreads sur la dette souveraine française sont restés relativement stables depuis la démission du gouvernement, les investisseurs et les gérants ont commencé à réduire depuis plusieurs mois leur exposition à cet actif qui sous-performe dans sa catégorie. Malgré tout, les adjudications se font sans encombre, la dette souveraine française restant un actif incontournable et aux caractéristiques techniques inégalées en Europe.
Points clés
- L’écart de crédit entre la dette française et la dette allemande s’est stabilisé après le vote de la motion de censure et la démission du gouvernement français.
- Les marchés ont déjà intégré le risque politique français ainsi qu’une dégradation de la notation de la France par les agences.
- Les petits institutionnels et les gérants ont réduit leurs expositions à la dette hexagonale en faveur de celle du sud de l’Europe.
- Les grands institutionnels restent exposés pour des raisons réglementaires et considèrent la hausse des spreads comme une opportunité.
- Les caractéristiques techniques de la dette française permettent au pays de se financer à des conditions sans lien avec les fondamentaux macroéconomiques.
La crise politique en France ne sera-t-elle finalement qu’une tempête dans un verre d’eau pour les marchés financiers ? Cette hypothèse semble assez logique au regard des mouvements enregistrés sur les marchés financiers après le vote de la censure mercredi 4 décembre. Le CAC 40, indice phare de la Bourse de Paris, a progressé durant la semaine du 2 au 6 décembre de 3,9 % tandis que le taux d’intérêt sur les obligations du Trésor (OAT) à 10 ans s’est détendu. L’indice Tec 10 publié par l’agence France Trésor, qui donne quotidiennement le taux de référence à 10 ans, indiquait début décembre un léger reflux à 2,85 %, avant de remonter à 3 % le 13 décembre. « Il en va de même des CDS (credit default swaps) qui constituent des indicateurs de risque et sont restés relativement stables, a souligné Stéphane Giordano, président de l’Amafi, le 5 décembre lors d’une présentation à la presse. Ils n’indiquent pas de crise imminente sur la dette française. Les investisseurs ne font pas l’hypothèse d’un risque systémique lié à la dette française et d’un éclatement possible de la zone euro. » Pour le spécialiste, le risque politique est en effet déjà dans les prix. « Le spread sur la dette de la France s’est écarté vis-à-vis de celui de l’Allemagne depuis l’annonce de la dissolution du Parlement par le président de la République, Emmanuel Macron, au mois de juin dernier », a rappelé Stéphane Gi...