Les actions européennes commençaient tout juste à sortir de l’ornière quand le séisme français a frappé. Si le continent dans son ensemble reste solide, pour les gérants, il est très compliqué à court terme de proposer des actions ou de la dette française aux institutionnels.
«Juste avant l’été, nous étions sur le point de renforcer nos positions en actions, relate Christophe Boucher, directeur des investissements pour ABN AMRO IS. L’annonce de la dissolution nous a stoppés net. Nous pensons en effet que si les choses devaient se dégrader, en période de faible liquidité comme le sont souvent les mois d’été, nous pourrions avoir à en pâtir. Quant aux marchés obligataires, il est très compliqué d’aller conseiller à un institutionnel aujourd’hui d’acheter de la dette française ». De fait, à 7 500 points vendredi 14 juin, le CAC 40 avait effacé tous ses gains de l’année après une semaine noire. Une douche froide alors que l’optimisme était plutôt de mise en cette mi-année. « Les marchés d’actions européens se portaient bien en termes de flux jusqu’à lundi 10 juin : ils avaient même recommencé à collecter depuis avril », indique Malik Haddouk, directeur de la gestion diversifiée chez CPR AM.
Une crise circonscrite
La crainte d’un nouveau dérapage des finances publiques s’est emparée des investisseurs. « Le spread avec l’Allemagne est un très bon indicateur de stress sur les marchés, rappelle Raphaël Thuin, directeur des stratégies de marchés de capitaux chez Tikehau Capital. C’est le marqueur de l’inquiétude et nous sommes en train de connaître à nouveau les écarts observés en 2016-2017 quand des craintes de Frexit étaient apparues. »
«Le spread avec l’Allemagne est un très bon indicateur de stress sur les marchés. Nous sommes en train de connaître à nouveau les écarts observés en 2016-2017 quand des craintes de Frexit étaient apparues.»