Avec la fin de l’ère Trump, la finance durable constitue désormais un chantier prioritaire outre-Atlantique. Malgré le discours bien rodé de ses asset managers, pressés de répondre à la demande croissante de produits verts, les Etats-Unis ont accumulé beaucoup de retard ces cinq dernières années par rapport à l’Europe. Mais face à une Amérique qui fourbit ses armes, celle-ci joue sa position de leader.
«Je m’excuse du fait que les Etats-Unis soient sortis de l’accord de Paris et nous mettent en retard », a déclaré le président américain Joe Biden, face aux chefs d’Etat réunis à Glasgow, alors que débutait la Cop26. Un mea culpa qui a définitivement acté la fin de l’ère Trump. « L’organisation très anglo-saxonne de l’alliance pour la neutralité carbone, à Glasgow, pilotée par l’ancien gouverneur de la Banque du Canada et de la Banque d’Angleterre Marc Carney, a été un succès britannique, relate Jean-Jacques Barberis, directeur du pôle clients institutionnels et corporate et superviseur de l’ESG chez Amundi. Ce succès a capitalisé très largement sur le changement de position de l’administration américaine, et sur l’impulsion donnée à l’ensemble de l’industrie financière américaine. » Les Etats-Unis s’enthousiasment donc à présent pour la neutralité carbone, ce dont chacun a pu se féliciter à Glasgow. « La gestion d’actifs américaine représente 50 % du marché mondial, rappelle Jean-Jacques Barberis. Compte tenu de leur poids dans l’industrie, il était nécessaire que les Américains renouent avec l’accord de Paris et participent aux efforts aux côtés de l’Europe. » Mais les excuses de Joe Biden signent aussi un retour dans la bataille de l’Amérique, bien décidée à peser de tout son poids sur les standards mondiaux de la finance durable et à rattraper son retard en la matière.
«Avec le rachat des agences de notation extra-financières européennes par les très grands providers américains, nous nous retrouvons avec un leadership réglementaire, mais sans outil de production industrielle des standards.»