Après une année soutenue sur les marchés obligataires dans leur ensemble, les émissions de green bonds ont retrouvé leur niveau record. Mais la capacité de cet instrument à pénétrer plus profondément les marchés de dette reste incertaine. La mise en place du nouveau standard européen pour les obligations vertes ne devrait pas changer la donne.
- Le nombre de primo-émetteurs est passé d’environ 150 en 2021 à 80 en 2024, signe que le marché des green bonds s’approche d’un plateau.
- Le marché des sustainability-linked bonds a connu un coup d’arrêt et cet instrument ne semble pas en voie de remplacer les green bonds.
Une année « record ». Avec plus de 530 milliards de dollars d’émissions à travers le monde, selon les décomptes de Goldman Sachs Asset Management (GSAM), le marché des obligations vertes a retrouvé ce qualificatif qui l’accompagne presque chaque année depuis son décollage il y a une décennie. Le trou d’air de 2022, sur fond de hausse brutale des taux, semble bel et bien effacé et le « record » précédent, celui de 2021, a été de nouveau battu, après une année très positive pour les marchés obligataires dans leur ensemble. A fin 2024, ce sont désormais plus de 3 500 milliards de dollars de green bonds qui ont été cumulativement émis dans le monde depuis les débuts, selon la Climate Bond Initiative.
Un dynamisme asiatique
Un dynamisme que l’on doit aux émetteurs traditionnels du marché des obligations vertes, notamment les Etats et organismes supranationaux européens ou encore les banques et les entreprises de services aux collectivités (utilities), mais pas seulement. « Après un décrochage en 2023 avec seulement 2 % des émissions totales, le secteur de l’immobilier a rebondi en 2024, à 6 % des opérations », observe Johann Plé, gérant obligataire chez Axa IM.
«En 2025, ce sont 210 milliards de dollars de green bonds corporate qui vont arriver à échéance, auxquels s’ajouteront 276 milliards en 2026.»
De nouveaux émetteurs ont aussi fait leur entrée sur le marché dans de multiples secteurs : les télécoms (Iliad), les data centers (Equinix), l’électronique (Lenovo), les semi-conducteurs (TSMC), la mode (PVH, propriétaire des marques Tommy Hilfiger et Calvin Klein) mais aussi les matériaux de base (Saint-Gobain, le cimentier Heidelberg Material,...