La France creuse son retard par rapport aux pratiques ISR développées dans les autres pays européens. Pourtant, les investisseurs ont conscience de son utilité, mais peinent encore à bien l’intégrer concrètement dans leur gestion.

Comment évolue le marché des fonds ISR ?
Anne-Catherine Husson-Traoré : Les fonds ISR ont continué leur progression en Europe, notamment auprès des particuliers. Selon la dernière étude de Vigeo, leurs encours ont atteint 108 milliards d’euros à fin juin dernier, soit 1,7 % du total des montants gérés en Europe, mais des disparités sont notables d’un pays à un autre. Leader incontestable de l’investissement socialement responsable, les Pays-Bas ont continué de voir leurs fonds ISR se propager puisque selon Vigeo, leurs encours ont progressé de 106 %, ce qui leur permet d’atteindre une part de marché de 15 % auprès des particuliers. D’autres pays sont particulièrement dynamiques comme la Suède, la Suisse ou encore le Royaume-Uni. La France, en revanche, a vu les encours de ses fonds ISR se contracter de 7 % entre juin 2012 et juin 2013. Ce phénomène s’explique par un défaut de pédagogie et de distribution de ce type de produits auprès des particuliers. Les investisseurs institutionnels n’ont quant à eux pas compensé cette perte de vitesse du marché français des fonds ISR. Ce dernier affiche donc un décalage encore plus important avec les autres pays européens qu’auparavant.
Comment expliquez-vous le retard du marché français ?
Anne-Catherine Husson-Traoré : Plusieurs spécificités du marché français expliquent son retrait de la dynamique européenne. De façon générale, les gestionnaires français ont surtout développé le «best in class». Cette approche, qui vise à privilégier les sociétés les mieux notées sur le plan extra-financier dans tous les secteurs d’activité, a...