Innovation majeure du PER, la gestion pilotée permet d’adapter les allocations en fonction des profils de risque et de l’horizon d’investissement de l’épargnant. Rapidement, les offres en matière d’allocation d’actifs se sont étoffées et ouvrent de nouvelles opportunités qui pourraient séduire les investisseurs. Des avantages qui gagneraient à être expliqués plus largement, afin de contribuer à démocratiser un produit essentiel dans la construction de la retraite des Français.
Eres group est aux premières loges pour observer et alimenter l’enrichissement des offres d’investissement dans les PER. Le spécialiste de l’épargne salariale et retraite, qui compte plus de 5 milliards d’euros d’actifs sous gestion, sélectionne des supports d’investissement pour composer des produits en architecture ouverte. Et sa vision porte aussi bien sur l’épargne collective des entreprises que sur les investisseurs particuliers, qu’il sert au travers d’un réseau de distribution composé de CGP et courtiers.
Alors que l’on se souvient du succès des fonds euros dans l’assurance vie, le PER et sa gestion pilotée ont-ils réussi le pari de dynamiser l’épargne retraite ? « Les produits d’épargne retraite ressemblent à ceux de l’assurance vie dans le sens où ils profitent de toute la technicité qui s’y est développée. S’y ajoute une véritable ingénierie, qui est la gestion pilotée », explique Mathieu Chauvin, président d’Eres group.
Décliner les opportunités autour de la gestion pilotée
Le législateur a encadré la gestion du PER au travers de trois profils d’investisseurs, un socle destiné à les orienter vers les produits les mieux adaptés à leur budget de risque. « Il est très positif que le législateur ait opté pour une sensibilisation aux marchés actions par défaut et non pour une orientation vers un fonds euros », précise Mathieu Chauvin.
Le groupe Eres a fait le choix de déployer des grilles d’investissement autour de chacun de ces profils de risque, grilles ayant vocation à s’enrichir au fil du temps. « Cela permet de proposer des solutions de gestion thématique très spécifiques, en adéquation avec les attentes des investisseurs », précise le président d’Eres group. Parmi ces thèmes, l’investissement socialement responsable et l’ESG figurent en bonne position. « Depuis le début de l’année, les fonds labellisés ISR par l’AMF sont passés de 300 à 800 environ. Ce mouvement massif de labellisation crée des opportunités, mais traduit aussi un verdissement de façade de la part de certains acteurs. » D’où le travail d’équipes dédiées à cette thématique chez Eres, chargées d’évaluer les gérants et les fonds grâce à une méthode de notation propriétaire. Une offre importante, car l’ISR s’est imposé comme un prérequis à l’ouverture d’un PER pour les partenaires sociaux d’un nombre croissant d’entreprises.
Autre thématique en forte croissance, celle de l’immobilier, qui constitue un fond de portefeuille de manière quasi systématique dans les PER, grâce à son profil rendement/risque. « Désormais, les fonds d’immobilier apportent la stabilité et le rendement que l’investisseur allait auparavant chercher sur le fonds euros, confirme Mathieu Chauvin. Certes, il ne présente pas les mêmes garanties ; toutefois, on peut aujourd’hui obtenir avec l’immobilier le rendement généré hier par un bon fonds euros. » Pour cela, Eres group n’hésite pas à agréger des positions différentes (géographiques et thématiques) au sein de la SC (société civile) à prépondérance immobilière qu’il a créée à cet effet.
Dernière frontière en date parmi les possibilités d’investissement dans le PER, le capital-risque, ou private equity. « Pour la première fois, le private equity est accessible dans une enveloppe d’épargne destinée au grand public », souligne Mathieu Chauvin, qui y voit une opportunité prometteuse. Le private equity permet en effet de financer le tissu de PME françaises, à l’heure où elles ont justement besoin de soutien pour aller prendre des marchés à l’international. Un segment d’investissement avec lequel se familiarise la tranche des investisseurs les plus aisés, mais qui devrait gagner en visibilité à mesure que l’offre s’étoffe. « Nous avons cinq produits dédiés au capital-risque dans notre PER. Ce n’est que le début du chemin pour les fonds de private equity. Les produits vont se structurer et s’améliorer sur la liquidité qu’ils peuvent assurer aux investisseurs. Cette nouvelle proposition de valeur est parfaitement en ligne avec l’ambition de la loi Pacte : guider les épargnants vers des fonds à rendement élevé qui financent l’économie productive. »
Conquérir des épargnants plus jeunes
Le nombre de CGP et courtiers venant se former auprès d’Eres group sur l’épargne retraite – près de 2 000 par an – témoigne de l’importance que le nouveau PER revêt désormais aux yeux des investisseurs particuliers. Mais pas au point, cependant, d’avoir pénétré toutes les tranches d’âge de la population. « Les conditions fiscales du PER ne sont pas toujours attractives pour les jeunes qui verront leur TMI (taux marginal d’imposition) progresser. En effet, économiser 11 % d’impôt au moment du versement pour récupérer son épargne fiscalisée à 30 % ou 41 % n’est mathématiquement pas une bonne opération. A cela se combine le fait que, pour le PER, la fiscalité appliquée à la sortie sur les plus-values des versements non déductibles (pour ceux qui ne cherchent pas l’avantage fiscal à l’entrée) est celle du PFU, soit 17,2 % de prélèvements sociaux et 12,8 % d’IR. Sur ce point, le PER est moins attractif que d’autres produits, notamment le PEA ou l’ancien PERCO », explique Mathieu Chauvin. Il plaide pour la mise en place d’une fiscalité plus intéressante pour les jeunes générations, notamment pour la suppression de l’impôt de 12,8 %. « L’objectif final est bien de réussir à emmener les Français sur de l’épargne longue, pour servir les investissements productifs. Telle était la volonté du législateur. Il faut maintenant se donner les moyens d’attirer les jeunes générations vers ce produit. »
Questions à Mathieu Chauvin, président d’Eres group
Mathieu Chauvin travaille depuis plus de vingt ans dans le secteur de l’épargne salariale. Il a rejoint Eres group en 2007, tout juste après sa création. En 2019, il prend la responsabilité opérationnelle du groupe avec Pierre-Emmanuel Sassonia et Alexis de Rozières, lorsque les fondateurs en cèdent une participation majoritaire à un fonds d’investissement. Aux côtés des équipes historiques d’Eres group, il a participé à la naissance puis à l’hypercroissance de cette société spécialisée en épargne salariale, épargne retraite et actionnariat salarié.
Comment peut-on encourager les entreprises à transformer leur PERCO en PERE ?
Il y a là un débat que nous avons cherché à mettre en lumière ces derniers mois, car beaucoup de PERCO de grands groupes n’ont pas été transformés et représentent un stock important d’épargne. Cela tient à une disposition prise par le législateur, qui est que les versements futurs effectués sur le PERE auront une situation fiscale dégradée par rapport au PERCO. Ils seront soumis à 12,8 % supplémentaires de fiscalité. Un amendement avait été déposé par des parlementaires dans la loi de finances 2022 pour supprimer ce point, mais il a ensuite été retiré. C’est un problème, car les salariés sont obligés d’effectuer des versements sur leur PER pour toucher l’abondement de leur entreprise. Or les plus bas salaires ne tirent pas profit des possibilités de déduction fiscale à l’entrée du PER – il faut pour cela être dans les plus hautes tranches d’imposition – mais ils vont voir la fiscalité sur leur épargne retraite s’alourdir. Les partenaires sociaux, à raison, pointent du doigt cette situation, sur laquelle il faudrait que le législateur se penche.
Est-il toujours judicieux de transformer un produit d’épargne entreprise en PERE ?
Le PER a de très nombreux atouts et cela explique notamment les transferts massifs effectués pour transformer les contrats de retraite supplémentaire 83 en PERE. A la clé, il y a en effet un gain immédiat de 4 points au niveau du forfait fiscal. Toutefois, là encore, il faut comprendre la complexité de la situation. Dans de rares cas, certains 83 peuvent être plus intéressants que le PER, car ils bénéficient de garanties très attractives, par exemple sur les taux ou les tables de mortalité. Il ne faut donc pas militer pour une transformation systématique mais plutôt réaliser une analyse dédiée des produits déjà en place et fournir un accompagnement, dans l’intérêt de l’entreprise, et bien sûr des salariés.