Incertitudes persistantes sur le front sanitaire, retour d’une inflation soutenue dans de nombreux pays, durcissement en vue de la politique monétaire des deux côtés de l’Atlantique… Alors que les valorisations de nombreuses entreprises sont actuellement au sommet, comment investir sereinement en Bourse dans un tel contexte ?

La clé réside dans le fait d’investir sur des thématiques attrayantes, tout en prenant le soin de sélectionner des actifs dont la valorisation est elle-même attrayante. C’est la raison pour laquelle la stratégie d’investissement du fonds que je cogère repose sur trois « méga-tendances », qui sont appelées à générer des opportunités de croissance sur le long terme : la pénurie de ressources, les changements démographiques et le futur de la technologie.
Que recouvrent concrètement ces trois méga-tendances ?
Les thèmes qu’elles englobent sont nombreux, mais tous concourent au même objectif final : l’émergence d’un monde et d’une croissance durables. La lutte contre la « pénurie de ressources » passe par l’investissement dans des entreprises dont l’activité vise soit à préserver des ressources naturelles, comme l’eau et l’alimentation, soit à remédier au déficit de ressources physiques. Par ressources physiques, je fais référence aussi bien aux infrastructures qu’au capital humain, en passant par l’accès à l’éducation. Pour leur part, les « changements démographiques » induisent toute une série d’évolutions structurelles en matière de consommation (loisirs notamment), de besoins (santé, etc.) et d’épargne (solutions d’investissement). Dans ce contexte, nous cherchons à sélectionner les sociétés qui se trouvent en première ligne pour en bénéficier. Enfin, la technologie imprègne désormais un nombre croissant de secteurs d’activité, parmi lesquels l’industrie, la santé, la distribution ou encore la finance. En nous intéressant au « futur de la technologie », nous aspirons à prendre des participations dans des sociétés dont les innovations vont continuer de transformer ces secteurs, que ce soit pour améliorer les conditions de travail des salariés ou pour réduire l’empreinte carbone de leurs utilisateurs.
Quelles sous-thématiques vont tout particulièrement retenir votre attention en 2022 ?
J’en identifie huit principales : les énergies renouvelables, les modes de transport électriques (TGV et voitures électriques), la téléphonie 5G, les infrastructures de santé (digitalisation, etc.), le cloud (cybersécurité, etc.), la robotique et les solutions d’automatisation, les loisirs (jeux en ligne, etc.) et le « quantum computing » (calculateur quantique).
De nombreux investisseurs cherchent aujourd’hui à se positionner sur certaines de ces sous-thématiques, en particulier les énergies renouvelables et les moyens de transport propres. Comment parvenir, dès lors, à saisir les meilleures opportunités ?
Il est effectivement primordial d’adopter une approche disciplinée, d’abord pour s’assurer que la valorisation des titres demeure attractive. Pour ce faire, notre cadre d’analyse prend en compte des hypothèses conservatrices, notamment en ce qui concerne l’évolution des taux d’intérêt. Ensuite, nous faisons le choix de nous focaliser sur des entreprises déjà rentables, qui le plus souvent sont positionnées sur des marchés de niche. Au sein de leur écosystème, celles-ci doivent en outre opérer en amont du cycle de production. Enfin, leurs perspectives doivent apparaître porteuses sur le long terme : alors que notre horizon d’investissement se situe dans une fourchette de cinq à dix ans, nous dressons des prévisions sur une période de vingt ans ! Afin d’illustrer notre démarche, prenons l’exemple des voitures électriques. Si nous apprécions ce thème d’investissement, c’est notamment parce que nos estimations internes font état d’une croissance des ventes de l’ordre de 40 % par an d’ici 2030 dans le monde. Pour en profiter pleinement, nous préférons nous positionner sur les fournisseurs d’équipements ou d’électronique embarquée, dont le cours est, à la différence de celui des constructeurs, beaucoup moins exposé à l’évolution des parts de marché ; et ils ont des profils de rendement plus élevés, ainsi que le potentiel de fournir tous les fabricants automobiles, ce qui réduit le risque concurrentiel auxquels les fabricants automobiles font face.
Quelle place occupe l’ESG dans votre cadre d’analyse ?
Avant d’investir dans le capital d’une entreprise, nous passons au crible sa stratégie au travers d’une grille qui comprend 52 indicateurs RSE. A cela s’ajoutent 20 autres indicateurs qui, pour leur part, prennent en considération les risques d’exploitation sociale. Ces indicateurs font partie de notre analyse fondamentale propriétaire, et nous donnent une vue plus précise sur les profils ESG de chaque entreprise, ce qui nous permet d’investir dans des entreprises qui ont non seulement des perspectives de croissance structurelle attrayantes et des rendements élevés, mais aussi un business soutenable sur le long terme.