Ressentie comme un choc par la population suisse, la disparition du fleuron national Credit Suisse ne semble pas, à ce stade, remettre en cause le statut de place de référence du pays pour la gestion de fortune mondiale. Stabilité économique et fiscale sont des atouts intacts, espèrent les professionnels de la finance suisse. En Bourse, la Suisse, marché de small et mid caps très internationalisées, reste appréciée des investisseurs institutionnels.
« La Suisse est-elle devenue une république bananière ? », « Le rachat de la honte » : les mots ont été durs dans les éditoriaux de la presse helvète pour commenter la déconfiture de Credit Suisse, première banque du pays, puis son rachat forcé par UBS, le 19 mars dernier. Il faut dire que, quinze ans après la fin du secret bancaire, cette nouvelle crise est venue sérieusement ébranler la Confédération et l’un de ses piliers qu’est l’industrie bancaire. Les autorités du pays, qui ont réussi à boucler en un temps record l’opération de rachat, maîtrisant ainsi un incendie qui aurait pu devenir hors de contrôle, œuvrent désormais à en tirer les conséquences. L’enjeu est capital : il s’agit de préserver l’image de stabilité et de sécurité que la place financière suisse s’est forgée depuis des siècles.
Premier défi : convaincre que le rachat, pour une bouchée de pain, de Credit Suisse par UBS, qui s’est notamment traduit par une perte sèche pour les porteurs d’obligations AT1 de Credit Suisse, était une solution acceptable. Pour l’ensemble des observateurs, c’était en tout cas la seule issue envisageable. Toutes les autres, y compris la nationalisation, auraient déclenché une crise financière. « Mettre en place un deal simple et clair entre le mercredi et le dimanche de la même semaine, avant la réouverture des marchés le lundi suivant, dans un tel contexte de pression, a été une gageure, rappelle Daniele Scilingo, head of Swiss Equities chez Mirabaud Asset Management. De plus, si...