La croissance impressionnante de l’impact investing ces derniers mois s’accompagne d’une transformation en profondeur des approches. Développé initialement dans le cadre de fonds avec une problématique sociale et dans l’univers non coté, et répondant à une définition stricte conceptualisé par France Invest, l’impact investing se développe à présent dans les actifs cotés, et autour de thématiques liées à l’environnement et au réchauffement climatique. Les nouveaux fonds reposent de ce fait sur des profils très divers et des méthodologies à chaque fois spécifiques. Les participants au Grand Débat d’Option Finance insistent ainsi sur la nécessité pour les gérants d’être transparents, tout en appelant de leurs vœux une normalisation qui pourrait prendre la forme d’une labellisation. Ils s’inquiètent aussi de certaines évolutions : les levées de capitaux atteignent des niveaux inédits, tandis que les start-up associées à l’impact sont porteuses d’opportunités comme de risques.
- Comment définissez-vous l’impact investing ? Existe-t-il des critères communs à l’ensemble des approches ?
- Concrètement, comment sélectionnez-vous les entreprises ?
- Quelle différence existe-t-il entre le solidaire et l’impact ? N’est-ce pas la même approche ?
- L’intégration d’objectifs environnementaux dans les investissements à impact est-elle de nature à radicalement changer les approches notamment en termes de levées de capitaux ?
- Quelle est leur spécialité ? Ne proposent-ils pas surtout des fonds d’infrastructures vertes ?
- Le nouveau statut d’entreprise à mission est-il à ce titre important ?
- Les labels permettent-ils d’apporter la crédibilité recherchée aux sociétés de gestion ?
- Les investisseurs doivent-ils exercer davantage de pression ?
- N’est-il pas plus facile d’obtenir des résultats concrets en matière d’environnement, ce qui expliquerait aussi la préférence des investisseurs pour cette thématique ?
- Les fournisseurs de données apportent-ils aussi des solutions ?
- Face au risque de réputation grandissant, les entreprises comme les investisseurs doivent-ils accélérer ?
- Quelles sont les perspectives de développement de l’impact investing ?
- Quels changements la technologie apporte-t-elle à la notion d’impact ?
Comment définissez-vous l’impact investing ? Existe-t-il des critères communs à l’ensemble des approches ?
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Philippe Taffin, directeur des investissements et de la gestion actif-passif chez Aviva France : Nous définissons l’impact à partir de trois critères et d’un préalable. D’abord, tout investissement doit reposer sur un équilibre entre la recherche d’un impact social ou environnemental et la rentabilité financière. Le premier critère est l’intentionnalité. Le chef d’entreprise ou le porteur de projet qui est financé par nos soins doit intégrer dans son objet social ou dans son objectif de développement une problématique environnementale ou sociale. Deuxièmement, cet impact doit faire l’objet d’une mesure. Il faut effectivement être capable de mesurer de façon durable dans le temps la mise en œuvre de l’impact et/ou sa progression. Enfin, le troisième critère est l’additionnalité. En tant qu’investisseur responsable, il nous semble important de financer des entreprises ou des projets qui n’ont pas ou ont peu d’accès à des capitaux. De nombreuses entreprises, en particulier des entreprises cotées, affirment faire de l’impact, comme par exemple dans le domaine de la santé, mais elles ont un accès facile aux capitaux, notre contribution est alors limitée. Au-delà de la définition stricte, pour Aviva, l’investissement d’impact s’inscrit dans la continuité de sa démarche ISR (socialement responsable) et ESG (consistant à intégrer les critères environnement, social et gouvernance dans la sélection de titres). Il constitue en quelque sorte la réconciliation entre l’investissement solidaire (tel qu’il est défini en France) et la finance classique.