Si les compagnies d’assurances tentent de revoir la composition de leur actif général, elles sont freinées dans leur stratégie de diversification par le manque de liquidités et de capacité de certains actifs, notamment les actifs réels. Elles maintiennent ainsi des programmes d’investissement conséquents dans les obligations souveraines. Elles optent aussi de plus en plus pour un basculement de la distribution des fonds en euros vers les unités de compte. Quelle que soit leur stratégie en matière d’allocation ou de distribution, les sociétés de gestion sont là pour les accompagner. Elles sont nombreuses à avoir renforcé les équipes dédiées à la gestion assurantielle, et elles développent une relation de proximité avec les compagnies d’assurances pour les aider à prendre des décisions d’investissement. Mais elles innovent aussi en lançant de nouvelles stratégies et elles s’impliquent dans la formation des réseaux.
- Comment a évolué récemment la composition de l’actif général des compagnies d’assurances ?
- Quelles sont les limites à la diversification d’un point de vue réglementaire et par rapport aux marchés ?
- Quelles solutions peuvent apporter les sociétés de gestion aux compagnies d’assurances ?
- La solution n’est-elle pas finalement d’abandonner le fonds en euros ?
- Donner du sens aux investissements (ESG, climat, financement de l’économie…), est-ce indispensable pour convaincre les particuliers d’investir dans des actifs à risque et donc des UC ?
- L’innovation produit peut-elle aussi conduire les particuliers à prendre plus de risque ?
- Quelle est l’incidence du règlement PRIIPs sur l’offre des sociétés de gestion ?
- Les robo-advisors ne constituent-ils pas une solution aux problèmes d’allocation et à un moindre coût ?
Comment a évolué récemment la composition de l’actif général des compagnies d’assurances ?
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Véronique Cherret, directrice du développement, membre du directoire d’Aviva Investors France : Dans un environnement de taux bas, les compagnies d’assurances cherchent à diversifier l’allocation de leurs fonds garantis. Cette diversification porte principalement sur deux axes. Le premier concerne l’internationalisation des portefeuilles : les compagnies d’assurances vont, dans cette perspective, chercher du rendement là où il est, notamment hors zone euro et dans les pays émergents. Le deuxième axe concerne les actifs illiquides qui offrent un surcroît de rendement par rapport aux actifs liquides. Nous constatons aussi dans le cadre des actifs traditionnels la mise en place de stratégies qui intègrent un comportement asymétrique, comme les actions protégées, dont le but est d’améliorer le couple rendement/besoin de solvabilité. Après s’être focalisé d’abord sur les actions, ce type de stratégie pourrait s’appliquer dans un futur proche sur le crédit et à la dette notée high yield (haut rendement). Ces investissements demeurent toutefois marginaux dans les allocations des compagnies d’assurances, notamment en raison de leur traitement tant dans le cadre de la formule standard de la directive Solvabilité II que dans les modèles internes des organismes d’assurances.
Notons que, malgré la tendance constatée à rechercher de la diversification, celle-ci ne concerne finalement qu’une partie très réduite du stock d’actifs des compagnies d’assurances. A ce titre, les actifs illiquides...