Les corporates ne sont pas les seuls à peiner pour se mettre en conformité avec la directive CSRD : pour les institutions financières qui vont devoir publier, dès l’an prochain, leur rapport de durabilité suivant les nouvelles normes, la marche est également particulièrement haute. L’un des champs complexes à renseigner est celui de l’empreinte carbone, et tout particulièrement du scope 3 de cette dernière qui reflète les émissions imputables au portefeuille de financement et d’investissement.
Les spécificités du secteur sont ainsi multiples. « Alors que pour les entreprises, on s’intéresse aux émissions de carbone liées aux flux de l’année, pour les banques, on raisonne en stock, souligne Virginie Wauquiez, directrice générale de Carbon4 Finance. C’est une meilleure manière d’inciter à la réallocation des financements vers les entreprises les plus vertueuses. » De même, la nature variée des activités couvertes implique des méthodologies dédiées. « Il faut pouvoir calculer les émissions financées – via le bilan et le hors-bilan –, mais aussi les émissions facilitées – dans le cadre des activités de prise ferme ou de syndication notamment – ou encore les émissions assurées, dans le cas d’un bancassureur », poursuit Virginie Wauquiez. En l’absence d’une méthodologie claire du GHG Protocol, ces deux derniers postes ont récemment fait l’objet de travaux par l’industrie elle-même, réunie au sein du PCAF (Partnership for Carbon Accounting Financials). Dans le cas de l’assurance, ils ne sont encore que très parcellaires.
Le double comptage : un problème ?
Raisonner au niveau d’un portefeuille d’actifs pose également la question du double, voire du triple, comptage des émissions. En effet, attribuer les émissions d’un automobiliste à la fois au constructeur qui lui a fourni son véhicule thermique et au pétrolier qui lui permet de rouler, c’est, pour un acteur financier exposé à l’un et à l’autre, additionner plusieurs fois les mêmes émissions du monde physique. « Le volume que l’on reporte au titre du scope...