Les sociétés de gestion sont en train de boucler leur tout premier reporting sur les « principales incidences négatives » (PAI) de leurs investissements sur l’environnement et la société. Un exercice fastidieux qui ne change pas, à ce stade, le quotidien des gérants.
Emissions de gaz à effet de serre, proximité de zones sensibles en matière de biodiversité, rejets de déchets dangereux, écart de salaire entre hommes et femmes, exposition aux armes controversées… Cette liste à la Prévert d’indicateurs sociaux et environnementaux donne du fil à retordre aux gérants d’actifs depuis quelques mois. Dans le jargon de la finance durable, ce sont les PAI pour « principal adverse impacts » ou « principales incidences négatives » en français, parfois renommés PASI pour souligner que l’on parle bien de « sustainability » (« durabilité »).
Bien qu’ils aient été introduits dès 2019 par le règlement européen SFDR, c’est la première fois, au 30 juin de cette année, que ces indicateurs doivent être formellement calculés par les asset managers pour chacun de leurs investissements. Une tâche loin d’être négligeable puisque le régulateur européen a prévu une liste d’une vingtaine d’indicateurs ! « Cela fait 12 mois que nous travaillons à l’intégration des PAI », témoigne Yann Ferrat, responsable de la modélisation ESG chez OFI Invest Asset Management.
Une brique essentielle de la réglementation
Concrètement, de multiples utilisations sont prévues pour ces indicateurs. Le règlement SFDR impose tout d’abord à chaque société de gestion de publier un reporting spécifique, suivant un modèle de présentation prédéfini. « C’est un reporting au niveau de l’entité qui s’applique aux sociétés de gestion de plus de 500 salariés, précise Sabrine Aouida, responsable de l’expertise ESG chez Weefin. Mais les acteurs de plus petite taille qui ne publient pas cette donnée doivent aussi expliquer pourquoi et comment ils comptent y remédier. Il n’est donc pas possible de se désintéresser totalement du sujet. »