Décomplexé par la nouvelle administration, le mouvement anti-ESG s’est intensifié outre-Atlantique, forçant les asset managers américains à reculer ou, a minima, à se faire discrets en matière de finance durable. Un vide que les gérants européens aimeraient combler. Mais certains ajustements dans leur approche extra-financière pourraient s’avérer nécessaires.
Points clés :
- Plusieurs décisions récentes de la SEC rendent de plus en plus difficile la gestion ESG pour les acteurs américains.
- Les asset managers européens ont commencé à récupérer des mandats institutionnels grâce à la constance de leur approche durable.
- Ils semblent toutefois prêts à lâcher du lest sur la masse de données nécessaire à leurs analyses.
Depuis trois ans, sous l’effet de la guerre en Ukraine, de la hausse des taux et de la montée des populismes, la finance durable n’évoluait déjà plus avec le vent dans le dos. Mais avec l’élection de Donald Trump à la présidence américaine, la houle est devenue tempête pour les gérants d’actifs ayant mis en place des approches extra-financières outre-Atlantique. Dès le mois de décembre, avant même l’arrivée de la nouvelle administration, la commission judiciaire de la Chambre des représentants avait ouvert une vaste enquête ciblant une soixantaine d’asset managers américains accusés d’appartenir à l’initiative Net Zero Asset Manager (NZAM), un « cartel ESG woke » selon les élus, conduisant BlackRock à se retirer de l’alliance qui s’est depuis mise en pause. Mais depuis l’investiture, les attaques s’intensifient.
Une avalanche de mesures anti-ESG
Le départ du président de la SEC, Gary Gensler, poussé vers la sortie par Donald Trump, a notamment ouvert la porte à plusieurs mesures anti-ESG. Les exigences en matière de reporting climatique des entreprises, déjà édulcorées et contestées en justice, sont désormais en passe d’être tout bonnement enterrées. Le superviseur des marchés a également annoncé en février un durcissement des règles de transparence pour les asset managers menant des actions d’engagement actionnarial sur les sujets extra-financiers, faisant lever le stylo à BlackRock et Vanguard. Il devient de même bien plus difficile pour les investisseurs de faire inscrire à l’ordre du jour des assemblées...