Depuis plusieurs mois, le risque de liquidité porté par les fonds d’investissement est revenu sous le feu des projecteurs. Une question rendue d’autant plus sensible par le fort développement qu’a connu le secteur de la gestion d’actifs depuis la crise et le manque, en parallèle, d’investisseurs contracycliques. Conscients de ces fragilités, asset managers et régulateurs réfléchissent à des mesures préventives, plus ou moins consensuelles.
Depuis le début d’année, les sociétés de gestion européennes sont engagées dans une opération de transparence inédite à l’égard de leur superviseur, l’Esma. Elles viennent ainsi de répondre par écrit à plusieurs centaines de questions portant sur l’ensemble de leurs fonds ouverts. Seul objet du questionnaire : montrer comment elles appréhendent le risque de liquidité. Un exercice titanesque qui reflète la crispation croissante des régulateurs à l’égard de ce risque porté par la gestion d’actifs. Ces derniers mois ont en effet été marqués par plusieurs épisodes lors desquels les clients de fonds très en vue (ceux de Tim Haywood chez GAM, du britannique Neil Woodford, du français Bruno Crastes chez H2O ou bien encore un fonds immobilier de M&G) ont massivement retiré leur argent, provoquant l’émoi de la profession et de son régulateur. Les raisons de ces retraits étaient certes variées, allant de l’inquiétude des investisseurs à l’égard du Brexit à des politiques d’investissement jugées hasardeuses. Le résultat a en revanche été le même : créer des tensions de liquidité qui ne sont pas sans rappeler les premières suspensions de fonds annonciatrices de la crise des subprimes en 2007. Fustigeant ces fonds «construits sur un mensonge», le gouverneur de la Banque d’Angleterre, Mark Carney, a même évoqué, dès juin dernier, un risque potentiellement «systémique» pour l’ensemble du secteur financier.
Cette situation est en premier lieu imputable aux années de politique monétaire très...