Suite à l’annulation de la dette « additionnal Tier 1 » de Credit Suisse, les investisseurs s’interrogent sur ces instruments rémunérateurs mais d’une forte technicité. Des questions qui se généralisent à l’ensemble de la dette bancaire.
En un week-end, 16 des quelque 200 milliards d’euros du marché européen de la dette la plus subordonnée émise par les institutions financières, les titres dits « Tier 1 », ont été effacés par les autorités helvètes dans le cadre du sauvetage de Credit Suisse. « L’impact sur la classe d’actifs est bien entendu majeur et devrait laisser des traces, même s’il est encore trop tôt pour savoir si elles seront durables », témoigne François Lavier, responsable des stratégies de dettes financières subordonnées chez Lazard Frères Gestion, un des gérants les plus exposés. C’est en tout cas un test d’envergure pour cette jeune classe d’actifs : les « Tier 1 » bancaires, ou « additionnal Tier 1 » (AT1), ne sont apparues qu’au début des années 2010, à la faveur du durcissement réglementaire post-crise financière.
Un fonctionnement complexe
L’effacement de ce type de dette ne peut pas être, en soi, une surprise pour les investisseurs qui en avaient acheté. « Ce qui s’est passé était envisageable pour peu qu’on lise bien les prospectus, observe Matthieu Bailly, directeur général délégué et gérant chez Octo AM. Ces obligations sont des quasi-fonds propres qui, si la banque atteint un point de non-viabilité, peuvent être totalement annulés. » Leur coupon n’est pas non plus automatique. « Il est en théorie optionnel, mais depuis le lancement du marché des AT1 en 2013, toutes les banques l’ont toujours payé », précise François Lavier. C’est également une dette perpétuelle, c’est-à-dire sans date de fin, mais avec, là...