Malgré une amélioration de la conjoncture dans la plupart des économies avancées, soutenue notamment par la baisse des prix du pétrole, la Banque des règlements internationaux (BRI) reste prudente. Dans son 85e rapport annuel, publié hier, l’institution se préoccupe en effet de la «fragilité des marchés», principalement liée à la faiblesse des taux d’intérêt. Outre les taux d’intérêt réels des banques centrales, négatifs depuis plusieurs années (voir graphique), les rendements de nombreuses obligations ont chuté depuis l’année dernière à des niveaux extrêmement bas, voire inférieurs à 0 %. Entre décembre 2014 et mai 2015, près de 2 000 milliards de dollars de titres de dette souveraine de long terme, essentiellement européenne, se sont ainsi échangés dans le monde à des taux négatifs, d’après la BRI. Or cette situation est susceptible d’«infliger de graves dommages au système financier». D’abord, elle se traduit par une érosion des marges des banques, ce qui pourrait dégrader leur bilan et, par ricochet, nuire à l’offre de crédit. En outre, cet environnement de taux, qui conduit les investisseurs à rechercher du rendement, «peut également fausser la formation des prix sur l’ensemble des marchés financiers».
Parmi les autres facteurs de risque, la BRI met également en garde contre les «signes de réduction de liquidité» sur les marchés, illustrés par des épisodes de volatilité de plus en plus fréquents. Une situation que l’institution attribue notamment à la moindre activité des teneurs de marché (market makers).