Les entreprises européennes ne sont pas les seules à profiter de la faiblesse des taux d’intérêt dans la zone euro, exacerbée par la BCE avec sa politique accommodante. D’après le dernier rapport trimestriel de la Banque des règlements internationaux (BRI) relatif aux tendances observées sur les marchés financiers, la croissance des financements non bancaires (obligations, titres de créances de court terme) souscrits par des émetteurs corporate non européens a atteint 4,2 % sur un an durant le premier trimestre 2016, un niveau «élevé», selon la BRI. L’encours de dette désintermédiée détenue par cette catégorie d’emprunteurs est ainsi porté à 2 300 milliards de dollars équivalents.
Cette dynamique est notamment entretenue par les sociétés non financières américaines, dont près de 60 % des émissions réalisées entre juin 2015 et juin 2016 ont été libellées dans la devise européenne, contre environ 30 % en dollars ! Plus surprenant pour la BRI, les corporates originaires des pays émergents, qui ont historiquement l’habitude de se financer en dollars, se sont eux aussi massivement tournés vers le marché de l’euro. Si les financements libellés dans la monnaie américaine restent pour eux largement majoritaires (75 %), la part des émissions en euros a de son côté augmenté de plus de 25 points depuis fin 2014, pour s’établir à 38 % à la fin du premier semestre 2016.