Une hypothétique sortie de la Grèce de la zone euro fait trembler les marchés financiers. La Bourse d’Athènes a perdu 7,45 % entre le 1er et le 9 janvier, entraînant dans sa chute d’autres places boursières européennes, comme le Cac 40 qui a perdu plus de 3 % en quelques jours avant de se rattraper pour ne perdre que 0,5 % depuis le début de l’année. Les difficultés ont commencé le 29 décembre : les marchés ont très mal réagi à l’issue du troisième tour de l’élection présidentielle en Grèce puisque les députés du pays n’ont pas réussi à se mettre d’accord, provoquant une dissolution de l’Assemblée et la mise en place d’élections législatives anticipées pour le 25 janvier. «Ce schéma était pourtant largement prévisible et faisait d’ailleurs partie de notre scénario central, estime Maxime Alimi, économiste en charge de la zone euro chez AXA IM. Nous avons donc été surpris par les répercussions de cette annonce en Bourse.»
Plus récemment, les commentaires supposés du gouvernement allemand ont relancé le débat sur la sortie de la Grèce de la zone euro, alors même que cette option n’est pas au programme de Syriza, le parti grec donné comme favori des élections et qui mène avant tout une campagne anti-austérité. «Il y a quelques mois, ce parti, emmené par Alexis Tsipras, s’est montré très vindicatif à l’égard de l’Europe et réclamait presque un moratoire de la dette grecque, indique Jean-Louis Mourier, économiste chez Aurel BGC. Mais ces déclarations de campagne ne sont pas réalistes et ce parti sait qu’il devra faire des concessions, notamment s’il veut monter une coalition avec d’autres partis pour accéder au pouvoir.» De plus, il devra faire face à l’opposition des autres pays européens. «L’Allemagne adopte un discours de rigueur pour montrer surtout qu’elle ne transigera pas avec la Grèce lorsqu’il s’agira de renégocier sa dette», ajoute Maxime Alimi. Le pays va en effet devoir trouver des solutions pour alléger le poids de son endettement qui, malgré la restructuration de 2012, atteint désormais 175 % de son PIB, contre 120 % il y a quatre ans. «Nous ne croyons pas à un défaut de la Grèce, mais il est probable que les négociations à venir avec les autorités européennes et internationales, qui détiennent aujourd’hui plus de 80 % des créances publiques grecques, pourront être difficiles avec le parti Syriza, estime Maxime Alimi. Néanmoins nous ne pensons pas à un phénomène de contagion aux autres pays périphériques, que nous surpondérons toujours dans nos portefeuilles.»
D’autres professionnels se montrent quant à eux plus prudents. «Si, à long terme, les risques de contagion sont limités, à court terme les marchés obligataires ont déjà réagi depuis décembre aux événements politiques en Grèce, commente Jean-Louis Mourier. Le spread des emprunts grecs par rapport à ceux de l’Allemagne s’est écarté de plus de 250 points de base tandis que ceux de l’Espagne et du Portugal n’ont augmenté que d’environ 15 points de base.» Il n’est donc pas exclu que les marchés enregistrent des pics de volatilité à court terme, d’autant qu’ils sont également confrontés à d’autres mauvaises nouvelles, comme la chute des prix du pétrole.