L’invasion de l’Ukraine est désormais une réalité. Et sans le soutien militaire de l’OTAN, la perte de cette guerre par l’Ukraine est, malheureusement, une quasi-certitude, estime Sebastian Paris Horvitz, directeur de la recherche chez La Banque Postale Asset Management. La croissance économique attendue pourrait s’en trouver préservée en 2022, sauf en cas de choc pétrolier qui serait la conséquence de cette guerre.
Avec la dissipation des risques de guerre généralisée, « les marchés sont en train de nous dire que nous allons revenir à la situation d’avant le départ de cette crise, constate Sebastian Paris Horvitz. Il est probable que le scénario de resserrement graduel de la politique monétaire reprenne la voie que nous anticipions au préalable ». Malgré le drame humain, les conséquences à plus court terme de la crise militaire ne devraient pas être de grande ampleur. Tout dépendra ensuite de la réaction russe aux sanctions infligées par le reste du monde. « Il est évident que toute restriction dans l’approvisionnement en énergie de la part de la Russie provoquera une envolée des prix, car elle sera difficile à compenser par d’autres acteurs, si ce n’est l’Arabie Saoudite, prévient Sebastian Paris Horvitz. L’Europe est dans une situation de dépendance énergétique à la Russie assez dramatique. Ceci impose aux Européens de revoir complètement de manière urgente leur feuille de route pour leur avenir énergétique en introduisant les éléments géopolitiques d’indépendance que la réalité exige aujourd’hui. »
… mais la situation présente des opportunités à long terme, estime Amplegest
Revenant sur l’impact de la crise russo-ukrainienne sur les marchés financiers, Alexandre Neuvy, gérant associé d’Amplegest, estime qu’un boycott économique de la Russie ne serait pas en soi dérangeant pour le commerce international, la Russie ne contribuant au PIB mondial qu’au-dessous de 2 %.
Cependant, des conséquences sont à prévoir sur le prix du pétrole, déjà marqué par les craintes d’inflation. Le cap symbolique des 100 dollars pour le pétrole brut pourrait faire paniquer les algorithmes.
« Ce contexte rend toutefois une remontée agressive des taux peu probable de la part des banques centrales, qui pourraient infléchir leur dynamique, note Alexandre Neuvy. On l’a vu lors des crises précédentes : il est très compliqué, dans ces moments, d’essayer d’avoir un timing de sortie puis de retour sur les marchés, car ces derniers vont trop vite. »
La situation présente donc des zones d’achats pour les investisseurs qui ont une vision à long terme, notamment pour les actifs de qualité qui avaient déjà baissé en 2022 et pourraient maintenant profiter d’un environnement économique moins certain.
« On sait empiriquement que ce type de tension est souvent suivi d’une remontée de part des marchés, rappelle Alexandre Neuvy. Reste à savoir dans quelle mesure nous sommes proches d’un point bas dans cette conjoncture. Le temps nous le dira. »