Treize ans après son défaut de paiement, l’Argentine n’arrive toujours pas à tourner cette page de son histoire. Le pays doit en effet arriver à s’accorder avant le 30 juillet avec NML Capital et Aurelius Management. Ces deux fonds vautours, qui ont racheté à prix cassé des obligations argentines libellées en dollars sans participer à sa restructuration en 2005, entendent bien obtenir le remboursement de leurs créances à leur valeur initiale, soit l’équivalent de 1,33 milliard de dollars. Une exigence que refuse l’Argentine puisque 93 % de ses créanciers de l’époque avaient quant à eux accepté les termes de la restructuration, perdant ainsi une partie de leur capital.
Ayant porté l’affaire devant les tribunaux américains, les deux fonds ont d’ores et déjà obtenu gain de cause. La Cour de justice américaine vient même d’annuler le versement par l’Argentine de plus d’un milliard de dollars, destiné aux créanciers restructurés, qui devait être versé le 30 juin dernier au motif que l’Argentine n’avait pas soldé son litige avec les deux fonds. «Si l’Argentine n’arrive pas à trouver un terrain d’entente avec les fonds vautours, elle pourrait entrer en défaut de paiement complet fin juillet, sachant que le défaut technique est déjà d’actualité, indique Pierre-Yves Bareau, directeur de la gestion dette émergente chez JP Morgan AM. Cette situation serait très dommageable pour le pays. Par ailleurs, bien que l’Argentine ait la capacité d’effectuer ce remboursement, sa législation lui interdit toute différence de traitement entre les investisseurs, d’où la nécessité d’un accord qui ne mette pas le pays en danger si, à l’avenir, d’autres créanciers formulaient à leur tour ce type de demande.» Le gestionnaire reste néanmoins pour le moment positif sur la dette argentine libellée en dollars mais de loi locale, qui offre un rendement autour de 12 %. «S’il faut rester à l’écart de la dette argentine libellée en devise forte, nous pensons que le pays va tout faire pour montrer sa bonne foi et assurer le paiement de sa dette», complète Pierre-Yves Bareau.