Avec des taux de droits de douane américains atteignant leur plus haut niveau depuis les années 1890, à 20,6 % en moyenne, et la guerre commerciale qui s’ensuit, Donald Trump va provoquer un ralentissement très net de la croissance mondiale. Selon les estimations d’Allianz Trade, le PIB mondial ne devrait progresser que de 1,9 % cette année, le plus faible niveau depuis 2008. S’agissant des répercussions sur l’économie des Etats-Unis, les entreprises américaines ont accumulé des stocks suffisants pour environ six mois de demande totale des consommateurs, ce qui limitera l’impact dans un premier temps.
Cependant, « les deux tiers de la hausse des coûts d’importation seront répercutés sur les consommateurs », selon les calculs d’Allianz Trade. Du coup, l’inflation américaine, tombée à 2,8% en février, devrait remonter et culminer à 4,3 % d’ici l’été, ce qui empêchera la Fed de baisser ses taux jusqu’en octobre. Ainsi, les taux courts américains resteraient stables, à 4 %, d’ici la fin de 2025 et seraient ensuite ramenés, l’économie américaine s’affaiblissant, à 2,75 % d’ici mi-2026. La récession américaine devrait toutefois rester modérée (baisse cumulée de -0,5 % du premier au troisième trimestre), avec une faible croissance de 0,8 % sur l’ensemble de l’année 2025.
L’Europe ne pourra pas, bien sûr, échapper à une croissance plus faible en raison de restrictions commerciales plus importantes et d’une économie américaine plus faible, et surtout parce que les industriels chinois vont y diriger une plus grande part de leurs exportations, imposant une concurrence très vive sur les prix, comme le soulignent les économistes de Deutsche Bank. Ils prévoient une hausse du PIB de la zone euro s’approchant de zéro cette année, l’impact positif de la relance budgétaire allemande étant surtout sensible en 2026.
En conséquence, la BCE devrait ramener ses taux à 1,5 %, soit 50 points de base de plus que prévu.