175 % : le taux d’autofinancement des entreprises japonaises

Publié le 5 septembre 2014 à 17h05    Mis à jour le 8 septembre 2014 à 9h39

Patrick Artus

Le taux d’autofinancement est le ratio entre le cash-flow généré par les entreprises et leurs investissements. Dans le passé, traditionnellement, il était dans les pays de l’OCDE autour de 80 % : les entreprises devaient financer 20 % de leurs investissements en s’endettant ou en émettant des actions. Aujourd’hui, en France, le taux d’autofinancement n’est que de 65 %, mais il est supérieur à 100 % aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, en Allemagne, en Espagne, et il atteint 175 % au Japon.

Quelles sont les causes et les conséquences de cette situation ? Le cas extrême du Japon est très instructif. Le niveau des profits des entreprises est très élevé au Japon puisque depuis plus de quinze ans les salaires réels diminuent alors que la productivité augmente. Ces profits sont si élevés que les entreprises ne peuvent en utiliser pour investir que 60 % : le reste des profits est utilisé par les entreprises japonaises pour accumuler une montagne (plus de 4 000 milliards de dollars) de cash. Cela évidemment affaiblit l’économie : l’argent retiré aux ménages-consommateurs n’est pas investi mais thésaurisé sous la forme d’actifs liquides : un taux d’autofinancement anormalement élevé est une mauvaise nouvelle pour la croissance.

Patrick Artus Membre du Cercle des Economistes

Patrick Artus est Chef économiste de Natixis depuis mai 2013. Polytechnicien, diplômé de l’Ensae, et de l’IEP Paris, Patrick Artus intègre l’Insee en 1975, où il participe notamment à des travaux de prévision et de modélisation, avant de rejoindre, cinq ans plus tard, le département d’économie de l’OCDE. En 1982, il devient directeur des études à l’Ensae puis il est nommé, trois ans plus tard, conseiller scientifique au sein de la direction générale des études de la Banque de France. En 1988, il intègre la Caisse des dépôts et consignations, où il exerce successivement en tant que chef du service des études économiques et financières puis responsable de la gestion actif-passif. En 1993, il est nommé directeur des études économiques, responsable de la recherche de marché chez CDC-Ixis. Devenu en 1998 directeur de la recherche et des études de Natixis, il est promu chef économiste en mai 2013. Depuis septembre 2024, il est conseiller économique d'Ossiam. Il est également membre du Cercle des Economistes.

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