25 % : l’écart de coût salarial unitaire de l’industrie entre la France et l’Espagne

Publié le 6 novembre 2013 à 18h42    Mis à jour le 26 juin 2015 à 12h15

Patrick Artus

Le problème de l’Espagne n’a jamais été, à la différence de ce qu’on observe en France et en Italie, un handicap de compétitivité-coût. La crise espagnole vient de l’explosion de la bulle immobilière du crédit en 2008, qui coûte à l’Espagne plus de 20 % de ses emplois.

La compétitivité-coût de l’Espagne était déjà nettement meilleure avant la crise que celle de l’Allemagne, de la France et de l’Italie, et comme depuis le début de la crise le coût salarial unitaire de l’industrie a baissé de 12 % en Espagne, avec un fort redressement de la productivité, il est aujourd’hui 25 % plus faible que celui de la France.

La comparaison de la France et de l’Espagne est d’ailleurs intéressante, puisque les niveaux de gamme de la production industrielle des deux pays sont assez proches. Le niveau de gamme de l’Italie est plus élevé, celui de l’Allemagne est beaucoup plus élevé.

Les premiers effets de cette forte compétitivité-coût de l’Espagne se voient aujourd’hui : investissements étrangers très importants, gains de parts de marché à l’exportation. L’effet sur la France risque d’être très sérieux : comment résister à un pays où une heure de travail dans l’industrie (charges sociales comprises, sans correction pour la productivité) coûte 22 euros, alors qu’elle coûte 36 euros en France ?

Patrick Artus Membre du Cercle des Economistes

Patrick Artus est Chef économiste de Natixis depuis mai 2013. Polytechnicien, diplômé de l’Ensae, et de l’IEP Paris, Patrick Artus intègre l’Insee en 1975, où il participe notamment à des travaux de prévision et de modélisation, avant de rejoindre, cinq ans plus tard, le département d’économie de l’OCDE. En 1982, il devient directeur des études à l’Ensae puis il est nommé, trois ans plus tard, conseiller scientifique au sein de la direction générale des études de la Banque de France. En 1988, il intègre la Caisse des dépôts et consignations, où il exerce successivement en tant que chef du service des études économiques et financières puis responsable de la gestion actif-passif. En 1993, il est nommé directeur des études économiques, responsable de la recherche de marché chez CDC-Ixis. Devenu en 1998 directeur de la recherche et des études de Natixis, il est promu chef économiste en mai 2013. Depuis septembre 2024, il est conseiller économique d'Ossiam. Il est également membre du Cercle des Economistes.

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