4 % : la rentabilité du capital mis en place en France

Publié le 15 novembre 2013 à 11h36    Mis à jour le 22 novembre 2013 à 18h17

Patrick Artus

On regarde souvent le rendement des fonds propres (le ROE) des entreprises ; il s'agit d'une mesure biaisée de la rentabilité des entreprises puisqu'elle dépend de la manière dont elles sont financées : une hausse du levier d'endettement accroît le ROE.

Il faut donc regarder une autre mesure, qui est la rentabilité du capital physique mis en place (le ROACE, la rentabilité du capital avancé). Il s'agit alors du rendement du capital, qu'il soit financé par dette ou en fonds propres ; on le calcule comme le ratio des profits avant paiements d'intérêt et avant dividendes à la valeur du capital net des entreprises.

Quand on fait ce calcul, on trouve une rentabilité du capital mis en oeuvre de 4 % en France, de 8 à 10 % aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, en Allemagne, en Espagne : il n'est pas rentable d'investir en France par rapport aux autres pays. Ceci résulte du cumul de deux handicaps : la faible profitabilité des entreprises françaises par rapport à leur valeur ajoutée, qui découle du fait que les salaires réels augmentent plus vite que la productivité ; la hausse de l'intensité capitalistique (du ratio capital/valeur ajoutée) : les entreprises françaises, par rapport à leurs concurrentes, utilisent beaucoup de capital (machines) peu sophistiqué.

 

Patrick Artus Membre du Cercle des Economistes

Patrick Artus est Chef économiste de Natixis depuis mai 2013. Polytechnicien, diplômé de l’Ensae, et de l’IEP Paris, Patrick Artus intègre l’Insee en 1975, où il participe notamment à des travaux de prévision et de modélisation, avant de rejoindre, cinq ans plus tard, le département d’économie de l’OCDE. En 1982, il devient directeur des études à l’Ensae puis il est nommé, trois ans plus tard, conseiller scientifique au sein de la direction générale des études de la Banque de France. En 1988, il intègre la Caisse des dépôts et consignations, où il exerce successivement en tant que chef du service des études économiques et financières puis responsable de la gestion actif-passif. En 1993, il est nommé directeur des études économiques, responsable de la recherche de marché chez CDC-Ixis. Devenu en 1998 directeur de la recherche et des études de Natixis, il est promu chef économiste en mai 2013. Depuis septembre 2024, il est conseiller économique d'Ossiam. Il est également membre du Cercle des Economistes.

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