Attention à l’origine de la liquidité mondiale
Depuis le début des années 2000, la liquidité (base monétaire) mondiale a beaucoup augmenté, mais l’origine de sa croissance a varié.
Jusqu’en 2008, elle provient essentiellement de l’accumulation des réserves de change dans les pays émergents et exportateurs de pétrole. De 2008 au début de 2014, cette accumulation se poursuit mais elle s’accompagne en parallèle de création monétaire (liée au Quantitative Easing) dans les pays de l’OCDE. Depuis mi-2014, les réserves de change des pays émergents et des exportateurs de matières premières reculent, mais la base monétaire des pays de l’OCDE continue à croître fortement.
Lorsque l’expansion monétaire est plus forte dans les pays émergents que dans les pays de l’OCDE, leur taux de change par rapport aux pays de l’OCDE est affaibli grâce à la hausse des réserves de change ; lorsqu’au contraire l’expansion monétaire est plus forte dans les pays de l’OCDE, le taux de change des pays émergents est plus fort que ce qu’il aurait été spontanément (cas de la période 2014-2017), et la hausse du prix des actifs financiers moindre qu’auparavant.
Le vrai choc serait maintenant l’arrêt de l’expansion de la base monétaire dans les pays de l’OCDE. Lorsque cet arrêt se produira, la liquidité mondiale se contractera, les prix des actifs reculeront, et les devises des pays émergents se déprécieront par rapport à celles des pays de l’OCDE.
Patrick Artus est Chef économiste de Natixis depuis mai 2013. Polytechnicien, diplômé de l’Ensae, et de l’IEP Paris, Patrick Artus intègre l’Insee en 1975, où il participe notamment à des travaux de prévision et de modélisation, avant de rejoindre, cinq ans plus tard, le département d’économie de l’OCDE. En 1982, il devient directeur des études à l’Ensae puis il est nommé, trois ans plus tard, conseiller scientifique au sein de la direction générale des études de la Banque de France. En 1988, il intègre la Caisse des dépôts et consignations, où il exerce successivement en tant que chef du service des études économiques et financières puis responsable de la gestion actif-passif. En 1993, il est nommé directeur des études économiques, responsable de la recherche de marché chez CDC-Ixis. Devenu en 1998 directeur de la recherche et des études de Natixis, il est promu chef économiste en mai 2013. Depuis septembre 2024, il est conseiller économique d'Ossiam. Il est également membre du Cercle des Economistes.
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