Avis de forte volatilité
La volatilité des marchés s’était progressivement apaisée en 2014, grâce à l’action stabilisatrice des banques centrales, prêtes à tout pour remettre les économies des pays développés sur les rails de la croissance. Cependant, les stigmates de la crise ne s’étant pas complètement refermés, il apparaît maintenant des facteurs tangibles propres à faire remonter cette volatilité.
En effet, les actions – autrefois coordonnées – des autorités monétaires divergent aujourd’hui totalement. La Fed envisage de remonter ses taux directeurs alors que la BCE et la BoJ font baisser les taux d’intérêt par leurs achats massifs de titres obligataires. Dans un combat de titans, la guerre des changes fait rage. Chacun veut une monnaie faible au détriment de son voisin afin de stimuler ses exportations et relancer l’inflation.
L’effondrement des cours du pétrole et des matières premières est également de nature à faire rebondir la volatilité, de par les réallocations massives de richesses et d’actifs que cela génère.
De plus, le calendrier politique extrêmement chargé cette année est source de fortes incertitudes, avec la montée des partis extrémistes. Le résultat des élections grecques en est une parfaite illustration. La probabilité, même faible, d’une sortie de la Grèce de la zone euro ajoute à la nervosité des marchés. De surcroît, d’autres échéances électorales se profilent, en France, puis au Royaume-Uni et ensuite en Espagne.
Toujours sur le plan politique, les difficultés de la diplomatie face à la crise russo-ukrainienne préoccupent les marchés.
Face à ces menaces, la volatilité remonte, plutôt modérément jusqu’à présent, car la perspective du «quantitative easing» de la BCE à partir du mois de mars donne l’illusion d’une situation sous contrôle. Mais les pics de volatilité sont toujours violents et inattendus et, au vu des événements majeurs à venir, il n’est pas trop tard pour l’acheter.
Thierry Million est directeur de la gestion obligataire d'Allianz Global Investors France. Ingénieur diplômé en Informatique de l’Institut de Recherche polytechnique de Mulhouse, titulaire d’un DESS en finance de l’Institut Supérieur de Gestion et diplômé de la SFAF, Thierry Million débute sa carrière en 1987 en tant que courtier et responsable de la Trésorerie chez Dynabourse. Il est ensuite gérant obligataire à la Banque Vernes. En 1994 il rejoint Dresdner RCM Gestion en tant que directeur de la gestion obligataire. En 2001 il devient Responsable des activités Product Management et Conseil d’AGF Asset Management. A partir de 2003, il prend la responsabilité des portefeuilles diversifiés des institutionnels et entreprises, ainsi que de la recherche quantitative et économique. En 2006, il est nommé directeur de la recherche économique et quantitative et du Conseil, puis directeur de la gestion obligataire d’Allianz Global Investors en 2008. Depuis 2013, il est directeur de la gestion obligataire institutionnelle.
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