Colombes, vraiment ?

Publié le 1 avril 2016 à 16h20

Philippe Weber

Les marchés semblent interpréter le dernier communiqué du FOMC et plus encore le dernier discours de Mme Yellen comme extrêmement accommodants, au point de ne plus anticiper qu’une hausse de taux en 2016. Pourtant, le communiqué en question mentionne la vigueur de l’emploi et l’accélération de l’inflation. Certes, il rappelle les risques, mais le Comité ne surveille plus que l’inflation, et non plus l’environnement international et financier ainsi que son impact sur l’emploi et l’inflation, comme précédemment. La hausse de taux sera graduelle, les décisions dépendront des données – voilà longtemps que c’est répété. Dans son discours, quelques jours plus tard, Mme Yellen ne fait guère que reprendre ces différents points (en utilisant, il est vrai, le mot «prudence»). Mais elle déclare aussi qu’«il ne serait pas si surprenant que l’inflation monte plus vite qu’attendu dans les prochaines années».

Phrase pas si «colombe» que ça, et qu’il faut prendre au sérieux : les dernières statistiques (dont le dernier FOMC ne disposait pas !) montrent une accélération manifeste des prix, certes sans aucun risque d’emballement, mais laissant tout de même penser que le double objectif de la Réserve fédérale (emploi maximal et inflation à 2 %) pourrait bientôt être atteint. Récemment, plusieurs membres du FOMC ont évoqué la possibilité d’une hausse de taux dès avril, M. Evans, particulièrement «colombe», se déclarant d’accord avec la prévision médiane de deux hausses cette année. Gageons que, si l’inflation et l’emploi poursuivent sur leur lancée, on pourrait bien en voir trois.

Philippe Weber

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