Retour à la normale
L’inflation est presque normalisée, aux Etats-Unis en tout cas. Le déflateur de la consommation privée a augmenté de 1,8 % en un an, pas si loin de l’objectif de 2 % que se fixe la Réserve fédérale. Mesurée par les prix à la consommation, l’inflation atteint 2,4 %, et même 2,1 % hors alimentation et énergie. Les diverses mesures d’inflation sous-jacente que calculent, notamment, les Fed régionales sont quasiment toutes au-delà de 2 %. Bien des facteurs vont contribuer, à court terme, à une poursuite de cette tendance : le dollar n’est pas très fort ; les droits de douane sur l’acier se font sentir, comme le «Beige Book» l’a souligné ; le pétrole s’est renchéri ; les mesures budgétaires vont soutenir l’activité ; enfin, le marché de l’emploi semble toujours dynamique, ce qui devrait permettre aux salaires de maintenir l’accélération modeste que l’on observe depuis quelques mois.
Evidemment, personne n’attend le retour à une inflation galopante comme dans les années 1970 ; en revanche on devrait la voir se stabiliser entre 2,5 % et 3 % pendant quelques trimestres. Ce ne serait guère qu’un retour à la normale. La Réserve fédérale ne s’offusquera sans doute pas d’une hausse des prix temporairement et faiblement au-dessus de sa cible, tant elle lui a été longtemps inférieure. Mais il lui faudra normaliser aussi sa politique : si les marchés se convainquent qu’il y aura un peu plus d’inflation et un peu plus de hausse de taux directeurs, ils pourraient réagir assez vigoureusement, comme on l’a vu lorsque, en février, une hausse de salaires plus forte que prévu a provoqué quelque tumulte.