Son élection surprise a provoqué des ventes massives sur les marchés obligataires. En quelques jours, les taux d’intérêt des Treasuries américains à 10 ans sont remontés de 1,80 % à plus de 2,25 %. Les taux européens se sont joints au mouvement, affichant une hausse brutale de 0,15 % à 0,35 % sur le Bund allemand de même échéance.

Si les promesses de campagne de baisses d’impôts, de grands projets d’infrastructures et de protectionnisme du nouveau président des Etats-Unis sont soutenues par le Congrès, leur mise en place constitue un véritable bouleversement. Ces mesures visant à stimuler l’économie sont inévitablement inflationnistes car appliquées dans une situation de plein-emploi où apparaissent déjà des tensions salariales. De surcroît, pour financer l’inéluctable creusement de son déficit, le Trésor américain va devoir accroître son volume d’émissions d’obligations et offrir des rendements plus élevés pour attirer des investisseurs dubitatifs. En effet, la dette fédérale brute progresserait, en pourcentage du PIB, de 106 % aujourd’hui à plus de 120 % en 2020, ce qui met en péril la notation AAA/AA+ du pays. Face à cette situation, la Fed risque de relever ses taux directeurs plus rapidement que prévu. Ainsi, les taux à 10 ans américains pourraient retrouver l’année prochaine des niveaux de 3 %.

Dans la zone euro, la BCE va s’efforcer de contrôler l’augmentation des rendements afin qu’ils ne deviennent pas un frein à l’économie. Elle ne peut donc pas envisager de réduire son programme de «quantitative easing». Bien au contraire, elle doit le prolonger en l’état pour maintenir le plus bas possible les taux de la zone euro.

Néanmoins, en matière de gestion obligataire, il convient d’alléger les portefeuilles investis sur l’Europe de leurs titres de maturité longue, car ils sont indubitablement corrélés à plus de 60 % avec les variations provenant des Etats-Unis.