Contre-choc
La baisse du baril en dessous de 50 dollars a des allures de «contre-choc» dont les conséquences économiques positives, si ces niveaux devaient durer, sont aussi importantes que celles, négatives, des chocs pétroliers des années 1970. Depuis cet été, la chute de moitié du prix de référence de l’énergie résulte d’enjeux géopolitiques, notamment à l’égard de la Russie, ou stratégiques en ce qui concerne les énergies de substitution, gaz de schiste ou énergies renouvelables, qui continueront probablement d’influencer les attitudes des différents producteurs.
L’aubaine est considérable pour les consommateurs partout dans le monde. Avec un budget annuel de plusieurs centaines de dollars, le conducteur de voiture américain gagne en pouvoir d’achat ; ce qui pourrait stimuler l’achat de véhicules sur l’ensemble de la planète. La grande majorité des entreprises gagnera aussi en coûts, avec bien entendu un gain appréciable pour les secteurs où l’énergie est une composante dominante, industrie lourde et de transformation, transports, loisirs.
Si les effets chiffrés ne font pas encore l’objet de consensus, le bénéfice de croissance mondiale serait de l’ordre de plusieurs dizaines de points de base. La profitabilité des entreprises sera également positivement impactée, à l’exception évidente des secteurs proches de la production pétrolière, et le consommateur pourra réallouer la «taxe» pétrolière vers d’autres achats.
Au total, ces effets, qui ne sont certes pas tous bénéfiques, devraient, s’ils perduraient, avoir des conséquences positives en termes de valorisation boursière, parfois de façon très substantielle. Les inquiétudes du moment, craintes de déflation en Europe notamment, masquent une opportunité largement inattendue mais à ne pas négliger.
Jean-François Boulier est président d'honneur de l'Af2i.
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