Croissance sans inflation : un boulevard pour les banques centrales et les actifs risqués

Publié le 10 janvier 2014 à 16h13    Mis à jour le 30 avril 2014 à 18h16

Didier Borowski

L’activité mondiale devrait accélérer d’un demi-point cette année à 3,5 %, tirée principalement par les économies avancées. Il s’agit d’une reprise à plusieurs vitesses. L’économie américaine est la plus dynamique : la consommation et l’investissement devraient se raffermir mais «sans» inflation. En zone euro, la conjoncture sera certes plus porteuse qu’en 2013 mais insuffisante pour faire baisser le chômage et empêcher un ralentissement supplémentaire de l’inflation. Du côté de la Fed, si tout se passe comme prévu, on peut tabler sur une baisse de 10 milliards de dollars de ses achats de titres à chaque FOMC.

Or parallèlement l’offre de papier fédéral diminue en ligne avec la baisse du déficit budgétaire. On estime que l’offre nette de titres du Trésor baissera de 170 milliards de dollars en 2014 ; si la Fed baisse de 5 milliards ses achats de Treasuries à chaque FOMC, il en résulterait une baisse de sa demande de quelque 290 milliards de dollars cette année. Toutes choses égales par ailleurs, l’écart (120 milliards) devrait conduire à une remontée graduelle des taux à long terme. Car la Fed sera très prudente : une hausse trop rapide menacerait la reprise et la Fed ferait immédiatement une pause dans son tapering. La BCE, de son côté, fera tout, non seulement pour empêcher que les taux ne remontent «trop» mais aussi pour «réparer» le canal du crédit.

Toutes les options sont aujourd’hui sur la table : de la baisse du principal taux directeur en passant par le taux de dépôt négatif, et sans exclure, si besoin, les achats de titres (privés ou publics). Au final, l’augmentation des taux d’intérêt devrait être plus marquée outre-Atlantique qu’en zone euro, soutenant le dollar. Une dépréciation de l’euro serait une bonne nouvelle pour les pays du sud de l’Europe dans un contexte de raffermissement de la demande mondiale. Sans compter que la liquidité, toujours très abondante, devrait continuer de soutenir les actifs risqués, à commencer par les actions de la zone euro !

Didier Borowski Responsable recherche politiques macro ,  Amundi Investment Institute

Didier Borowski est responsable de la recherche sur les politiques macroéconomiques au sein de l’Amundi Investment Institute. Auparavant, il a exercé plusieurs fonctions : responsable de la stratégie Taux et Changes, co responsable de l’équipe de Stratégie et Recherche économique, responsable de la macroéconomie puis plus récemment responsable global views. Avant de rejoindre Amundi, il était économiste et stratégiste senior de Société Générale Asset Management (2000-2009). Didier Borowski a commencé sa carrière au sein de la Direction de la Prévision du Ministère de l’économie et des finances. Il a également exercé les fonctions d’expert auprès de la Commission européenne. Didier Borowski est Docteur ès sciences économiques. Il a été Professeur associé à l’Université Paris Nord (2007-2011) puis a enseigné plusieurs années à l’université Paris-Dauphine.

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