Divergence d’analyse
L’écart se creuse sur les anticipations d’inflation des marchés obligataires et les banquiers centraux. Les investisseurs anticipent un retour rapide et continu de l’inflation vers les 2 %, tandis que les banques centrales annoncent une inflation résiliente et durablement au-dessus des 2 %. Pourquoi ? L’inflation dans les services est inquiétante. Ce secteur est en forte croissance et connaît une faible productivité. Ainsi, la croissance dans les services alimente les créations d’emploi et les tensions salariales. La hausse des coûts salariaux est répercutée aux clients, alimentant l’inflation. Certes, la dégradation rapide de l’activité et la baisse des coûts de production dans l’industrie réduit les tensions inflationnistes sur les biens. Mais, difficile d’anticiper un retour rapide de l’inflation à 2 % sans des pressions inflationnistes moins fortes dans les services. Excès d’optimisme des marchés ou prudence excessive des banquiers centraux ? Le mouvement de désinflation ne fait aucun doute, le problème concerne son rythme. Si les banquiers centraux ont raison, les taux longs pourraient remonter dans les prochains mois, malgré des indicateurs de croissance mitigés.
Christian Parisot est conseiller économique auprès du prestataire de services d'investissement Aurel BGC, dont il a été préalablement responsable de l’ensemble de la recherche, et Chef Economiste entre 2006 et 2021. Titulaire d’un diplôme universitaire, il a débuté en 1996 sa carrière d’économiste de marché à la Caisse Centrale des Banques Populaires (devenue ultérieurement Natixis) avant de rejoindre Aurel un an plus tard.
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