Récession or not récession ?
Les marchés financiers testent à nouveau l’hypothèse d’une récession aux États-Unis. Pour les marchés obligataires, cette probabilité se situe actuellement autour de 80%, alors que pour les marchés d’actifs risqués (crédit, actions), la probabilité varie entre 5% et 20%.
Pour autant, notre analyse de l’environnement économique en termes de cycles suggère qu’il n’y a pas de raison « endogène », c’est-à-dire pas de raison en soi, que la phase actuelle de croissance s’interrompe. D’abord, au regard du cycle des affaires, l’économie américaine n’est pas en excès de stock, ni même en excès d’investissement laissant penser à un retournement cyclique. Ensuite, au regard du cycle financier, les agents privés ne sont pas en situation d’excès d’endettement. Plus encore, les ménages et les entreprises bénéficient d’un « désendettement réussi » en grande partie grâce à l’inflation (« beautiful deleveraging »). Enfin, s’agissant du cycle des politiques économiques, les baisses des taux directeurs desserrent la contrainte monétaire tandis que la politique budgétaire ne s’annonce pas significativement restrictive.
Depuis 1945, les périodes d’expansion ont duré en moyenne 5 ans aux États-Unis. Dès lors, il faut s’attendre à ce que les marchés se reposent régulièrement la question de la récession. Elle peut toujours survenir après un choc « exogène », mais à ce stade, il n’y a pas de raison fondamentale pour qu’il y ait une récession cyclique. Et ce sont les marchés obligataires qui sont les plus vulnérables à une réévaluation à la baisse de la probabilité de récession.
Christophe Morel est chef économiste de Groupama Asset Management