Economie française : attention au décalage entre l’observé et le ressenti
Les météorologues distinguent dans leurs prévisions les températures observées et celles ressenties. De la même façon, il peut y avoir en économie un décalage entre les performances mesurées (croissance, inflation...) et le ressenti tel que retranscrit dans les enquêtes d’opinion. Nous risquons d’en faire bientôt l’expérience. Il est en effet probable que la croissance va continuer d’accélérer sous l’effet d’abord d’un environnement international très favorable avec un prix de l’énergie orienté à la baisse, des taux d’intérêt résolument bas et une conjoncture chez tous nos principaux partenaires (à l’exception du Royaume-Uni) en nette amélioration. De fait, le contexte n’a jamais été aussi favorable depuis 2011. De plus, la confiance des investisseurs s’améliore suite à une longue campagne électorale qui a abouti à une levée des principaux risques extrêmes.
La «température observée» de l’économie va donc s’afficher plus clémente. Pour autant le «ressenti» risque d’être en décalage. Car l’accélération de notre croissance va d’abord être le résultat d’un rattrapage après une longue période de sous-performance par rapport à la croissance potentielle. Durant cette phase de rattrapage, c’est d’abord la productivité qui devra se redresser, parallèlement à une plus forte utilisation des capacités de production, avant que les embauches ne reprennent vraiment. Ce n’est qu’ensuite, sans doute pas avant la fin de l’an prochain, que le «ressenti» devrait vraiment se rapprocher de l’observé, à travers une baisse plus marquée du chômage.