En attendant Godot
La future hausse des taux reste l'événement financier majeur devant nous. La Fed mène le bal et, classiquement, le rôle de la liquidité en dollars aura des répercussions directes et indirectes sur les autres marchés à court et long terme. Car la nouveauté réside dans l'intervention des banques centrales directement sur les marchés financiers, en faisant d'eux un canal à part entière de l'apport de liquidités à l'économie. Mais à force d'évoquer le retrait des mesures non conventionnelles, entendez l'achat d'obligations, en soufflant le froid et le chaud autour de la nomination de Larry puis de Janet, les autorités américaines risquent de lasser les investisseurs qui ont légitimement une impression de déjà-vu, celui d'une pièce de Beckett, par exemple ?
Trois scénarios possibles de hausse se présentent à nous : une hausse graduelle, administrée, une hausse heurtée sans maîtrise et enfin, comme chez Beckett, rien du tout. Les probabilités de réalisation de chacun de ces scénarios sont, selon moi, respectivement de 60 %, 30 % et 10 %. Les deux canaux - bancaire, qui est classique mais reste encore convalescent, et celui non conventionnel des interventions sur les marchés obligataires - vont être utilisés. C'est le second scénario qui produira la volatilité la plus importante. Pourtant les débats sur le LTRO et d'autres dispositifs montrent que les banques centrales seront à la manoeuvre pour longtemps encore.
Les conséquences pour les investisseurs sont nombreuses : allocation moindre à taux fixe, retour vers les taux variables et indexés sur l'inflation, maturités plus courtes dans le premier scénario. Plus d'opportunisme et de flexibilité dans le second, en se protégeant de la volatilité ou même en l'exploitant. Dans les deux premiers scénarios, une surreprésentation des actifs réels paraît utile. Et si rien ne se passait... la poursuite des recettes de diversification actuelle serait tout indiquée.
Jean-François Boulier est président d'honneur de l'Af2i.
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