En attendant la récession
L’industrie mondiale est en territoire récessif. Les indices de climat des affaires dans l’industrie (en Europe, aux Etats-Unis…) pointent, de façon synchrone, vers la récession, essentiellement provoquée par le surstockage.
Si les économies développées affrontent une récession au sens d’un ajustement de l’activité industrielle en termes réels (en volume), cette récession n’aura toutefois pas les caractéristiques attendues par certains intervenants de marché.
D’abord, en termes nominaux, la croissance est « sauvée » par l’inflation. Ensuite, l’activité dans les services est résiliente, attestant toujours d’un besoin de rattrapage par rapport au choc du Covid. Enfin, et surtout, cette récession est atypique, marquée par la résilience de l’emploi. Par exemple, les Etats-Unis ont été confrontés pendant deux ans à une récession dans la construction avec un emploi qui n’a cessé de progresser dans ce secteur. En Europe, l’activité industrielle se contracte mais les projections de recrutement restent inchangées. En fait, dans un environnement de transitions économiques et de pénurie de main-d’œuvre, les entreprises ne prennent pas le risque de réduire les effectifs. Elles ne souhaitent pas être confrontées à des difficultés de recrutement au moment de la reprise, pour profiter pleinement du rebond cyclique et des plans de réindustrialisation.
Dans la pièce de S. Beckett, Godot n’est jamais venu. La récession telle que définie stricto sensu pourrait ne pas venir. De ce point de vue, les marchés restent dans l’attente d’un événement qui ne surviendra peut-être pas de sitôt.
Christophe Morel est chef économiste de Groupama Asset Management
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